L’Internet des Objets, enfin la maturité ?

Publié le 21 janvier 2014
5 min

L’Internet des objets, cela fait beaucoup penser à la domotique, l’un de ses terrains d’expérimentation favoris d’ailleurs : cela fait longtemps que l’on en parle, mais en dehors des « salles de montre » (show-room chez nos amis québécois), on n’en voit guère la couleur dans notre vie quotidienne.

Pourtant, la donne est en train de changer et il y a fort à parier que ce secteur, star du dernier Consumer Electronic Show de Las Vegas en ce début d’année, viendra envahir et simplifier notre quotidien dans les mois qui viennent. L’actualité récente, au-delà du CES, nous en donne une illustration avec le rachat par Google de Nest, pour la bagatelle de 3 milliards de dollars (merci à Mathieu Bruc pour l’info partagée sur twitter, même si notre avance de 6h grâce au décalage montréalais nous avait permis d’avoir l’info pendant son sommeil ;-)) ! Nest ne dispose dans l’immédiat que de deux produits à son catalogue : un détecteur de fumée et de monoxyde de carbone, ainsi qu’un thermostat intelligent permettant de piloter les installations énergétiques de son foyer, le tout bien sûr à partir de son smartphone. Son fondateur, à qui l’on attribue la paternité de l’iPod lorsqu’il oeuvrait encore chez Apple, compte bien sur cet investissement pour se développer massivement dans les foyers du monde entier.

Et dire que je l’avais zappé de ma récente présentation aux #RTB8 de Brive en novembre dernier sur laquelle revenait Jean-Luc pendant les congés, estimant que cela manquait un peu de glamour pour intéresser le public…

Le Quantified Self s’est d’ores et déjà ménagé une jolie place sous les sapins de Noël dernier, avec en vedette les capteurs d’activité et de sommeil, la santé dans son ensemble où la société française Withings se positionne comme l’un des leaders du marché. L’on commence petit à petit à s’harnacher de produits divers, et plus seulement lors de pratiques sportives, pour collecter des données sur soi. Et plus intéressant encore, on a toujours la possibilité de le partager sur les réseaux sociaux, ou même à travers des communautés d’usages dédiées dont celle initiée par Nike au running, qui fût l’une des premières à connaître le succès, tant du point de vue collaboratif que marketing, et donc financier.

Certes, de nombreuses limites existent encore. Le manque de communication entre les différents systèmes en est un primordial, l’électroménager faisant mauvaise figure de par les développements propriétaires vous condamnant à acquérir l’ensemble de vos ustensiles et matériels chez un seul et même fabriquant si vous souhaitez bénéficier d’une intelligence complète (le modèle Nike running dans « l’emprisonnement » du client trouve là ses limites). Le manque de sécurité relevé dans de nombreux articles risque de faire couler beaucoup d’encre dans les médias : pillage de données personnelles, possibilités de hacker vos systèmes pour identifier votre présence/absence de votre domicile, crainte d’un Big Brother à travers l’analyse et l’écoute de tous ses produits… Bref, on n’en pas fini avec ces histoires de piratage plus ou moins sordides, comme celle de cette famille américaine dont le surveille bébé avait été piraté via le réseau wifi.

Néanmoins, comme nous le révélait Paul Arseneault dans l’une des 14 tendances touristiques de 2014 la semaine dernière à Montréal, les utilisateurs sont de plus en plus enclins à partager et révéler certaines informations personnelles dans la mesure où cela leur permet d’accéder à davantage de services, plus personnalisés. La forte pénétration du social connect va d’ailleurs tout à fait dans ce sens.

On imagine alors la puissance que cela pourrait avoir couplé à une bonne vieille puce RFID comme l’utilisent l’industrie depuis longtemps pour tracer ses produits, la grande distribution pour éviter les vols, les transports en commun pour leurs accès… Reste à « augmenter » cette fameuse puce, pour lui ajouter, d’autres informations, et pourquoi pas le social connect comme le pratiquent d’ores et déjà les parcs d’attraction dont nous parlaient Pierre Eloy il y a tout juste un an. Nous nous sommes interrogés en effet pas plus tard que la semaine dernière, avec Jean-Luc et Pierre, lors de notre escapade québécoise sur le site d’Igloofest, à ce sujet. Il s’agit là d’une véritable usine à UGC (contenus générés par les utilisateurs) partagés via Instagram, Twitter ou encore Facebook, dont une bonne partie sont d’ailleurs taggés #MTLmoments, illustrant le succès de cette stratégie. Nous disposions d’un pass version vieux forfait de ski (le truc autocollant sur un bout de métal), intégrant une puce nous validant l’accès à certains accès (terrasse privée, espace chauffé, bar…oui oui, vous pouvez saliver !). Mais aucune autre interaction possible, notamment avec une des animations qui permettait de se faire prendre en photo et de partager, via une laborieuse application sur tablette le visuel sur Facebook. Dommage de ne pas lier préalablement la puce avec une connexion sociale permettant une interaction beaucoup plus rapide, et probablement plus massive ! D’autant que comparativement à de nombreux autres sites événementiels, #Igloofest regorge de bonnes idées, comme cette borne de recharge de smartphones dans l’une des deux scènes !

 Baissez le son avant de regarder la vidéo si vous ne souhaitez pas transformer votre bureau en boîte de nuit…

Dans le même ordre d’idée, les stations de ski, à travers le forfait, équipent la quasi-intégralité de leurs consommateurs d’une telle puce, sans pour autant y ajouter d’autres informations et fonctionnalités qui pourraient être bien utiles au skieur comme à l’exploitant et l’office de tourisme. Kevin May, sur Tnooz, revenait d’ailleurs vendredi dernier sur cette trop faible exploitation (merci à Greg Guzzo pour sa veille), alors que la technologie semble avoir fait ses preuves depuis déjà quelques temps à Vail, ou encore dans un resort à Ibiza. Dès 2004, c’est-à-dire avant même les révolutions des médias sociaux et du mobile, une discothèque barcelonaise avait bravé l’éthique en équipant des cobayes VIP de puces sous-cutanées permettant le contrôle d’accès et le paiement comme le rappelle cet article de PCImpact. Sans aller jusque là, on peut imaginer que de nombreuses destinations, même moins délimitées dans l’espace qu’un parc d’attraction, une station de ski ou un festival, pourraient mettre en oeuvre de tels dispositifs à travers les city cards/pass dont la plupart sont aujourd’hui équipées de ces puces qui s’arrêtent dans l’immédiat au contrôle d’accès, réductions.

On estime de notre côté que 2014 pourrait être l’année de l’irruption de Destinations plus connectées, plus interactives avec de tels dispositifs qui rencontrent une acceptation de plus en plus forte, sous réserves d’en fixer les limites en matière d’intrusion. Des cobayes prêt à se lancer ?

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Ludovic a démarré sa carrière en Auvergne, à l’Agence Régionale de Développement, puis dans un cabinet conseil sur les stratégies TIC des collectivités locales. Il a rejoint en 2002 l’Ardesi Midi-Pyrénées (Agence du Numérique) et a plus particulièrement en charge le tourisme et la culture. C'est dans ce cadre qu'il lance les Rencontres Nationales du etourisme institutionnel dont il organisera les six premières éditions à Toulouse. À son compte depuis [...]
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