Les charmes insoupçonnés des cartes

Publié le 22 mars 2024
4 min
https://www.instagram.com/julesgrandin/

Ressentez-vous à la simple évocation du mot carte remonter vos souvenirs plus ou moins heureux de vos cours de géographie au collège ou faîtes-vous partie de la team “Cartes Lovers Forever” ? 

On aurait pu voir mourir les cartes papier avec l’apparition des outils numériques, ces précieux compagnons qui nous évitent de nous perdre. Mais les cartes résistent. Elles ont même retrouvé une place de choix – en format xxl svp – dans les lieux d’accueil des Offices de Tourisme avec une complémentarité plutôt réussie avec leurs petites sœurs digitales. 

Alors, observons quelques usages, du plus classique au plus ingénieux, que nous offrent les cartes.

LA classique

Il y a la carte dans son usage classique, c’est le fameux plan de ville ou de région. Elle nous aide à nous repérer et à nous déplacer facilement. Elle a un format pratique. On peut la déplier, la replier, l’emporter partout avec nous. Au fur et à mesure de notre voyage, elle s’enrichira d’annotations ou de quelques grains de sable, de gouttes de pluie ou de vin, selon les situations. On aura avec elle la garantie de rester loin de la tentation des écrans mais aussi de continuer à entraîner notre sens de l’orientation, deux bénéfices non négligeables. Bref, la carte reste un format qui présente encore beaucoup d’avantages.

Mais alors comment continuer à conserver le charme de ce format ? Plus la carte est simple et plus elle est efficace. Pas facile à faire car il y a tellement de choses à dire. Mais ne conserver que l’essentiel des informations permet de rester lisible. Tout ce qui n’a plus lieu d’être – tout ce qu’on trouvera bien plus facilement sur le web – pourra être supprimé. Faciliter ce tri, c’est avoir au préalable défini son utilité. En effet, plus son usage est clair et plus le contenu le sera. La carte gagnera aussi en lisibilité et en sentiment de qualité si on peut la libérer des publicités. Concernant son usage, souhaitons-nous qu’elle puisse être réutilisable pour plusieurs voyageurs et auquel cas nous choisirons un format plus résistant ou assumons-nous son format en usage unique ? Ne pas oublier non plus d’accorder une attention aux détails, que cela soit le fond de carte, le style graphique, le titre, les pictos afin que l’on puisse ressentir notre territoire rien qu’en ouvrant la carte.

LA decalEE

Et puis, Il y a l’usage décalé de la carte. En observant le travail du cartographe Jules Grandin, on découvre la possibilité de détourner les cartes. Le mouvement s’appelle les thingsmap. Il s’agit d’observer ce qui nous entoure et d’y découvrir des cartes cachées. C’est avec ce regard décalé, porté sur le quotidien, que l’on peut apercevoir la Grande Bretagne sur une gouttière, l’Australie dans un pétale de cornflake ou la Sicile dans un kiwi (la photo au début de l’article). La liste est inépuisable. Il n’y a de limite que la créativité de chacun. On trouve sur son compte instagram https://www.instagram.com/julesgrandin/ de nombreuses autres cartographies accidentelles comme il les appelle.

 

Image Jules Grandin – https://nightingaledvs.com/thingsmap/

Comment utiliser ce format décalé de la carte ? C’est une belle opportunité pour regarder autrement ce qui nous entoure et qu’on ne voit même plus. Cela peut-être l’occasion de faire découvrir certains quartiers qu’on peut considérer comme moins touristiques en apportant une nouvelle lecture du paysage et des bâtiments. C’est redonner de la valeur aux détails, à l’observation de la beauté des choses simples et çà ce n’est pas rien. On peut également y trouver un bénéfice bonus qui est celui de réviser sa cartographie des pays.

L’INGENIEUSE

Et puis, il y a l’usage un peu plus ingénieux où on va utiliser les cartes pour raconter des sujets d’actualité. Le cartographe Jules Grondin a par exemple illustré un article sur le chocolat avec une carte du monde où les données ont été matérialisées par du (vrai) chocolat. Au delà de l’intérêt gustatif certain, on imagine bien le plaisir à mettre en forme cette carte. Un vrai travail d’identification des données utiles à la compréhension du sujet a du être réalisé, puis un autre travail pour utiliser les tablettes de chocolat afin qu’elles puissent illustrer parfaitement le propos souhaité.

publié https://www.liberation.fr/planete/2016/10/28/cacao-la-feve-monte_1525017/

Et encore plus ingénieux, on découvre le travail de Clara Dealberto et de Jules Grandin pour leur livre « le bébégraphe ». Ils se sont servis des cartes pour raconter l’histoire de leur enfant. Ici c’est en utilisant une carte représentant des attolls et des îles qui ont été renommés pour retracer avec beaucoup d’humour et de poésie les deux premiers mois de vie d’un nourrisson.

Comment utiliser ce format ingénieux ? Celui-ci demande un peu de travail mais va offrir beaucoup de plaisir. On va pouvoir surprendre en créant des formats différents.  Il suffit dans un premier temps de choisir le sujet qu’on voudrait rendre pédagogique (une sensibilisation aux enjeux climatiques du territoire, à la consommation locale, aux usages pendant les vacances, à l’histoire du territoire …), d’aller ensuite collecter la matière (les objets qui vont illustrer nos propos) et de construire ce qu’on veut raconter et le tour est joué ! Il y a tellement à raconter pour comprendre l’histoire et les usages de nos territoires. 

Et vous, comment souhaitez-vous continuer à utiliser les cartes ?

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Experte en approches humaines innovantes, j'accompagne les destinations touristiques à engager leurs équipes sur les sujets qui leur tiennent à cœur. J'utilise la facilitation en intelligence collective pour accompagner ces projets et ces conduites de changement. J'étais, jusqu'en avril 2019, Directrice de l’Office de Tourisme du Pays d’Ancenis -Val de Loire, où j’avais notamment en charge les missions traditionnelles concernant le management d’équipe, les stratégies de communication, l'ingénierie de projet, [...]
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