L’hôtellerie est-elle en train de muter ?

Publié le 11 octobre 2016
4 min

Il y a à peine six mois, Pierre évoquait dans ce billet l’hybridation hôtellerie-bnb, avec de nouveaux concepts (on y parlait de Mama Shelter, Okko Hotels, …), l’arrivée d’Airbnb dans le tourisme d’affaires, les opérations de concentration chez les très très gros.

Et bien force est de constater que le mouvement ne ralentit pas… en voici quelques exemples, avec notamment des offres pour une nouvelle clientèle, plus jeune, moins aisée, mais qui veut du service et du beau !

C’était annoncé depuis un an, c’est maintenant officiel, Marriot a racheté Starwood et devient ainsi le n°1 de l’industrie hôtelière. Présence à l’international, fusion de deux énormes programmes de fidélité, et une trentaine de marques… qui a priori devrait toutes persister ! C’est une nouveauté, mais halte à la standardisation qui coûtait mois cher et paraissait satisfaire le client, place au contraire à de nouvelles marques et enseignes pour suivre les goûts des consommateurs.

On commence avec le RockyPop Hôtel qui va ouvrir son premier hôtel à Chamonix, plus précisément Les Houches. La copie d’écran de la page d’accueil ci-dessous ne bouleversera pas trop les adeptes d’Airbnb (même si le « Bienvenue chez vous » a récemment laissé place à « Vivez là-bas »).

rockypopL’objectif est clairement de « dépoussiérer » l’offre hôtelière en station, la proposer à une clientèle plus jeune, à un tarif plus accessible sans pour autant rogner sur une expérience plus ludique. Grands espaces de jeux (avec les inénarrables baby-foot, jex vidéo mais aussi…terrain de pétanque), espaces plus zen, restaurants et bien sûr ski shop.

Accorhotels n’est pas en reste, puisqu’il a débuté cet été la communication sur son tout nouveau concept, « Jo&Joe« . Là aussi, on retrouvera quelques codes issus de Mama Shelter, que l’enseigne a prévu de développer à l’international avec un apport en capital l’année dernière. Mais la comparaison s’arrête là, puisqu’ici, on n’est même pas à l’hôtel.

Jo&Joe s’adresse ouvertement aux Millenials, à leur état d’esprit en totale disruption avec les générations précédentes qui faisaient du tourisme. Le concept évoque d’ailleurs deux types de clientèles, les « Townsters » qui habitent la ville, et les « Tripsters », qui sont en voyage. Quatre clientèles sont identifiées dans le dossier de presse :

  • Les « TOWNSTERS », ces locaux qui aspirent aux rencontres et aiment se retrouver dans leur QG JO&JOE pour recharger leurs batteries, participer ou initier des activités décalées, sans y dormir,
  • Les « SOLO SOCIALS », heureux de partager leurs expériences et en quête de rencontres et d’immersion,
  • Les « SMALL TRIBES », groupe d’amis pour un anniversaire, petite famille en week-end, groupe de retraités curieux, etc., ils ont autant besoin d’intimité que de partager des moments avec d’autres personnes, quand ils le souhaitent,
  • Les « LOVE BIRDS », les duos souhaitant se retrouver en amoureux, tout en profitant du lieu et des rencontres qu’ils pourront y faire.

Ce concept, validé par le Shadow Comex (Comité exécutif rassemblant uniquement des moins de 35 ans) a été co-crée avec de futurs clients, et notamment des étudiants de la Web School Factory. Une des signatures affichées est la suivante : « la liberté d’une location, le fun d’une auberge de jeunesse et le confort d’un hôtel ».

Enfin, une application permettra de mettre en relation les clients, avec les applications de messagerie instantanée du moment, mais aussi un chatbot, et un onglet « Who’s up for ? » histoire de partager des expériences inoubliables.

Un petit résumé en vidéo, avant de juger sur pièce en 2018 (premières ouvertures évoquées à Paris, Bordeaux, … puis une cinquantaine de villes dans le monde d’ici 2020).

Il faut dire que ces Millenials sont à l’origine de nombreux nouveaux concepts, censés satisfaire leur nouveaux modes de consommer, de voyager, de travailler. Le Coworking/CoLiving fait notamment partie de ces nouvelles tendances qui viennent aussi alimenter l’hôtellerie traditionnelle comme le démontrent Jo&Joe.

Cet été, avec Pierre, nous avons pu tester pendant six semaines l’un de ces espaces à San Francisco, baptisé Startup Basecamp. Il accueille pour une durée allant d’une nuit à plusieurs mois des gens bossant dans l’univers numérique, et souhaitant dormir, manger, travailler, vivre quoi !, au milieu d’autres personnes venues du monde entier.

De nombreux concepts tels que celui-ci voient le jour un peu partout. Un peu plus luxueux, Roam vous propose à partir de 500€/semaine de changer de lieu de travail au gré de vos envies : Madrid, Londres, Bali, Tokyo, San Francisco, Miami ou Buenos Aires.

Nomad Pass recense d’ailleurs toutes ces offres pour permettre à ces Millenials épris de découverte du monde et de l’autre, et bossant le plus souvent à distance dans le numérique, de changer encore plus facilement d’environnement, avec un package de 25 destinations pour l’instant.

Et si seule une salle de réunion vous est nécessaire, là aussi, le concept est en train d’évoluer, comme on peut le voir ici à Montréal avec le Collectif Crew.

crew

Et vous, votre Office de Tourisme, vous en êtes où de son adaptation pour faire (re)-venir des millenials en recherche de connexion wifi par exemple  ?

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Ludovic a démarré sa carrière en Auvergne, à l’Agence Régionale de Développement, puis dans un cabinet conseil sur les stratégies TIC des collectivités locales. Il a rejoint en 2002 l’Ardesi Midi-Pyrénées (Agence du Numérique) et a plus particulièrement en charge le tourisme et la culture. C'est dans ce cadre qu'il lance les Rencontres Nationales du etourisme institutionnel dont il organisera les six premières éditions à Toulouse. À son compte depuis [...]
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