Jeudi 16/10/2042. 14h25. Palais Beaumont.

Publié le 30 septembre 2022
3 min

Ce dernier après-midi des ET#38 ressemble presque en tous points à ses prédécesseurs : vous hésitez entre le succédané de caféine qui vous permettrait de tenir pour les prochaines confs, et un Dolizan qui apaiserait cette soif qui vous colle à la langue depuis ce matin. Hier soir, vous avez expérimenté le nouveau cocktail azoté réputé pour offrir des lendemains sans conséquence, ça ne semble pas vraiment encore au point… 

Vous jetez un regard circulaire autour de vous. 

La plupart des participants portent leur masque nasal avec aisance et naturel. L’image vous rappelle étrangement les bandes-dessinées d’Enki Bilal, que vous lisiez, incrédule, dans les années 2000. Pourtant, ce qui passait pour une outrance sanitaire chez les early-adopters de 2030, après la grande contamination des climatiseurs dont nous avions tous abusé, était aujourd’hui monnaie courante et les modèles rivalisaient d’apparences flashys et assumées.

Le Palais Beaumont, lui, n’a pas bougé ; au loin votre regard s’accroche aux Pyrénées, qui restent impassibles aux débats du monde.

Votre oreille capte les discussions alentours, l’heure est au débrief de ces journées de travail et d’inspiration : ces Rencontres demeurent le témoin vigilant des évolutions de notre petit univers touristique, qui a bien changé depuis que vous exercez ce métier. En effet, il ne reste plus grand chose de vos premières missions mais le secteur a su s’adapter et garder son essence, être au plus près des professionnels pour les accompagner dans les grandes mutations qui ont traversé les années 20 et 30.

Aujourd’hui vous êtes fier d’avoir impulsé la décroissance marketing quand les sites affichaient des saturations en pleine saison, d’avoir été aux côtés des loueurs de kayaks alors que l’eau manquait dans les rivières, d’avoir participé au repositionnement du Plan Montagne pour amortir le choc économique provoqué l’absence récurrente de neige sur les sommets, d’avoir tenté de comprendre, au plus près de la filière, comment attirer à nouveau le personnel dans les entreprises du tourisme. Cela a peut-être été votre plus gros challenge, très honnêtement, vous ne l’aviez pas vu venir. Le design fiction a probablement été un outil décisif pour agir face à un monde qui changeait très vite : modéliser des scénarios pour le pire et (surtout !) pour le meilleur a permis de déployer des réponses opérationnelles.

14h30. Vous vous hâtez pour ne pas manquer l’atelier 23, pour y entendre une certaine Noémie Aubron, « garante des souvenirs du futur ». La prospective vous a toujours intéressé, et le concept vous interpelle. Vous vous demandez comment vous pourrez l’appliquer à votre métier : la notion de souvenirs vous a souvent ramené à une nostalgie bon marché dans laquelle vous n’aimeriez pas voir l’époque retomber. 

Dans l’hyperloop à l’aller, vous avez littéralement englouti ses dernières newsletters sous forme de contes de futur. Toute une promesse…

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Laurence Giuliani dirige Akken, agence de production sonore pour les destinations touristiques et les lieux de culture. Anciennement responsable d'un Office de Tourisme en milieu néo-rural (ou péri-urbain, comme vous voulez), manager d'artistes, productrice en label indépendant, Laurence cultive la curiosité comme carburant du quotidien. Ses marottes : le son, le tourisme culturel et le "komorebi", cette lumière qui filtre entre les arbres, comme des fêlures de timidité entre les [...]
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