Des petits campings essentiels

Publié le 25 mars 2024
5 min

La sobriété tant appelée pour limiter les impacts des changements liés à l’urgence climatique et le retour de l’inflation mettent sous les projecteurs les petits campings assurant des prestations simples à échelle humaine. Ils sont les alliés des territoires et des Offices de Tourisme.

Bien des campings de petites dimensions ont connu des difficultés ces dernières années. Nous parlons ici des terrains proposant moins de 50 emplacements. Ils sont près de 2400 dans ce cas en France, soit 32% de l’offre. Ils participent grandement à la ville locale. Beaucoup ont souffert de la crise du covid. Mais le fait le plus notable et déjà ancien, c’est que 1500 campings, dont beaucoup de petits terrains, ont disparu au cours des 15 dernières années. Fermetures, transformations en aires de stationnement pour camping-cars, réaffectations d’usage ont caractérisé un certain nombre de ces sites. Quand un camping s’éteint, c’est un peu de vie locale qui disparaît. Car les petits campings, plus que certains grands campings, de plus en plus souvent détenus par des groupes et parfois en franchise, invitent leurs clients à découvrir l’environnement touristique. Or dans les réunions que nous tenons dans les destinations, nous constatons combien les exploitants de campings, petits et moyens, privés et indépendants, sont toujours parmi les plus enclins à faire œuvre commune. Ces acteurs locaux ont besoin des Offices de Tourisme. En échange, ils apportent leurs soutiens à des plans de développement touristique locaux et manifestent un goût certain pour des innovations collectives.

Cette profession a eu de tout temps mon estime et mon amitié pour sa capacité à être sérieuse et conviviale, entreprenante et innovante, sans se prendre au sérieux. De surcroît elle a offert et continue à le faire, des possibilités de vacances aux plus démunis, aux plus jeunes, aux amateurs de prestations simples, en pleine nature. Pour rappel, je suis un campeur depuis toujours et j’ai également visité de manière professionnelle plus de 1500 campings en Europe. Mais aujourd’hui, il y a péril en la demeure au regard de ces disparitions et si en tant qu’OGD vous devez prendre en considération un secteur en ce moment, c’est bien celui des petits campings. Pour être précis, si ces campings ont disparu et ce n’est pas fini, c’est qu’ils n’avaient pas bénéficié d’investissements constants. Des privés et de nombreux campings municipaux se sont trouvés dans ce cas de figure. Quand en plus, la commune a eu la bonne idée de créer une aire de camping-cars située juste à l’entrée du terrain de camping municipal, évidemment tout est allé de travers. Quant à créer de nouveaux campings… c’est quasi impossible tant les coûts sont élevés et les réglementations compliquées, sans compter les oppositions locales.

Une prise de conscience

Cependant, nous notons des points positifs. D’abord l’attention portée par la FNHPA (Fédération Nationale de l’Hôtellerie de Plein Air) à ces soutiers des vacances populaires en plein air. Ensuite, des reconversions astucieuses comme ces campings désormais voués à l’accueil des saisonniers. Ou bien et c’est le plus souvent le cas, l’évolution des petits campings vers des accueils de publics thématiques : Accueil Vélo, Label Hébergement Pêche, accueil de motards… Autant les campings-clubs, les plus nombreux, fonctionnent comme des clubs de vacances en proposant une majorité de locations meublées, autant les petits terrains garantissent encore des emplacements nus pour les possesseurs de tentes, caravanes, vans, camping-cars, soit des dizaines de millions de personnes en Europe.

Mais depuis peu, on constate un nouvel engouement pour cette offre traditionnelle.  La raison la plus évidente relève du besoin de prestations simples à des tarifs abordables. Cette quête de simplicité est couplée à l’évolution de la société vers une nouvelle sobriété. Les comportements tiennent de plus en plus compte des impacts de notre mode de vie sur la planète. Moins consommer ou le faire de manière moins obligée, et aussi moins ostentatoire, si possible en circuit court, dirige les motivations des nouvelles générations. Et des campings agissent en accord avec ces principes comme par exemple le réseau des campings La Via Natura, Huttopia et de nombreux exploitants privés très inventifs comme le camping du Mettey dans les Vosges ou un camping municipal géré de manière privée dans l’Aveyron, le Val de Saures, qui favorise le tourisme décarboné en offrant une remise aux touristes piétons et à se déplaçant à vélo.

Arguments

Une prise de conscience est cependant en train de s’opérer via la FNHPA. Voici quelques arguments qui incitent les consommateurs à s’intéresser à ce type d’offre :

  • Des tarifs abordables qui laissent du pouvoir d’achat pour les activités, la restauration, le bar…
  • Des tarifs en harmonie avec l’idée que l’on se fait du camping et tel qu’on l’a pratiqué dans le passé 
  • Un espace plus grand, tant au niveau du camping, souvent situé en pleine nature, qu’au regard de la surface des emplacements
  • Des prestations réduites car en camping, on peut apprécier un certain dénuement, c’est d’ailleurs l’un des fondamentaux de la pratique
  • Une moindre fréquentation que dans un camping-club, génératrice de relations humaines plus immédiates avec l’équipe du camping et les autres campeurs
  • Un accès facilité à la nature, à l’agriculture, à l’élevage, aux animaux, cela motive beaucoup les familles ayant de jeunes enfants
  • Une plus grande liberté d’évolution en raison d’une moindre fréquentation et d’un engagement moins contraignant en matière de conditions de réservation
  • Une ambiance paisible, un sommeil retrouvé
  • Une déconnexion digitale en opposition à la couverture et aux propositions du monde urbain

Ce mouvement en faveur des petits campings est constaté en France, mais aussi aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni. Acsi réunit ainsi 1892 campings européens sous la mention avenante « petits campings sympathiques ». Les photos présentent des campings insérés dans un environnement vert, aéré, spacieux et soigné. Pour sa part, le site britannique Campsited évoque des « bénéfices » concrets comme un retour à l’enfance, un vrai amusement pour les enfants, une capacité accrue à nouer des relations et un sommeil réparateur. Toujours au Royaume-Uni, Campsites.co.uk a listé 1708 petits campings britanniques dans lequel s’épanouir. Là aussi, les champs tutoient le ciel. Pour sa part, Rustiek Kamperen aux Pays-Bas évoque les avantages d’un séjour à la ferme et des rencontres merveilleuses avec l’univers agricole. De même que l’initiative SVR qui rapproche campeurs et fermiers. Cette initiative, organisée en fondation, réunit 2000 propriétaires de campings en Europe qui y adhèrent de manière gratuite. 150 000 sociétaires, donateurs, participent à SVR. Voilà une manière astucieuse de rapprocher des offres et un public disposant des mêmes motivations.

Alors en tant qu’OGD, retenez que ces campings sont ancrés dans le territoire local, qu’ils sont ouverts sur leur environnement et font tourner les commerces locaux et les prestataires d’activités, qu’ils payent la taxe de séjour. Ce qui n’est pas toujours le cas des aires de stationnement de camping-cars, dont un certains nombre occupent aujourd’hui les emplacements d’anciens campings. Ces petits campings peuvent être classés dans toutes les catégories. Ils accueillent une clientèle française et européenne et tendent à élargir leur période d’activité.

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François Perroy est aujourd’hui cofondateur d'Agitateurs de Destinations Numériques et directeur de l’agence Emotio Tourisme, spécialisée en marketing et en éditorial touristiques. Il a créé et animé de 1999 à 2005 l’agence un Air de Vacances.  Précédemment, il a occupé des fonctions de directeur marketing au sein de l’agence Haute Saison (DDB) et de journaliste en presse professionnelle du tourisme à L’Officiel des Terrains de Camping et pour l'Echo Touristique. Il [...]
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