C’est la fin des tomates

Publié le 11 septembre 2025
3 min

Il regarde au dehors, son thé à la main.
La lumière du matin est dorée, presque sépia, reflet d’un automne naissant.
Le chat s’étire à ses pieds, entonnant un ronronnement qui ajoute au calme de l’aurore.
Au loin, à l’extérieur, le trafic vrombit déjà, transportant sa horde d’humains motorisés en quête d’activité.
Lui contemple les pommiers, qui étirent leurs branches jusqu’à la fenêtre et croulent sous le poids des fruits.
 
 « C’est la fin des tomates. », dit-il, par une association d’idée que lui seul saisit.
 
Tiens c’est amusant, ça. On dit : c’est la fin des haricots, c’est la fin de l’été, mais pas c’est la fin des tomates, non ?
 
Mais pour lui, ça a du sens.
La fin des tomates, c’est toute une petite série de gestes et de rituels qu’on ne fera plus et qui racontent la rentrée, le changement de saison.
Un temps où on ne va plus flâner dans le jardin jauger de la rougeur des dits légumes, où la mozzarella détonne dans le panier de courses, où les potimarrons font leur retour triomphal sur les étals des marchés, où l’on croise son voisin le matin en se disant « il ne fait plus si chaud, dites donc ».
 
Et puis c’est un sacré bon titre aussi, « C’est la fin des tomates ».
Tous les récits sont permis avec un titre pareil.
Un récit documentaire : une exploitante agricole / camping à la ferme renonce à l’exploitation des tomates, trop gourmandes en eau dans une région qui n’en dispose plus.
Un post Tiktok : un cuisinier médiatisé décrète la fin des tomates dans tous les restaurants de la destination.
Un polar : un pizzaïolo frôle la mort après une intoxication alimentaire, une conserve de purée de tomates est mise en cause, on fait appel à la Bougnat connection (ou Combrailles Auvergne Tourisme, si vous préférez)[1].
Un haïku :
L’été s’étire.
Odeur de tomate fanée.
Sentiment flou.
 
C’est aussi une façon de contourner le marronnier de la rentrée.
De l’appréhender autrement.
De convoquer ce que cela suscite en nous, physiquement.
Ce qui change dans nos perceptions, dans notre rythme interne.
D’en faire un récit qui soit intrinsèquement singulier, et à la fois universel.

Haïku involontaire – Traduction poétique et incertaine
du japonais au français

LES RECITS AUX #ET21

Cette année, les #ET font la part belle aux récits, en plusieurs temps pour expérimenter, faire son sort au buzzword, écouter les premiers retours des destinations qui se sont prêtées à l’exercice, explorer les possibles.
 
Expérimenter :
Au travers d’un atelier d’écriture de récits de territoires.
Prendre le temps de poser les mots et les sensations qui qualifient le mieux votre territoire, pour le raconter dans toutes ses dimensions et en tisser le récit.
Chercher son ton, échauffer son stylo pour mieux trouver sa plume.
Et puis surtout y prendre plaisir et que ce soit joyeux !
 
Atelier animé par ma pomme, amoureuse d’une tomate.
Mardi après-midi 14h – 15h45 | Salle Alphand
Lien d’inscription – parce que jauge réduite.
https://forms.gle/q6wpGnnNtf3aGhMs8
 
Faire un sort au buzz word :
Parce qu’il est temps de remettre du sens derrière le terme, on vous propose une intro en plénière pour faire tomber le mythe et réhabiliter les mythes.
Mercredi | Auditorium de Vigny
 
Écouter les premiers retours :
Des destinations se sont jetées dans le doux et stimulant bain des récits, elles viennent témoigner de leurs expériences, entre inspirations, méthodologie concrète et impacts.
Le super panel : Amandine Southon, (de Nouvelle-Aquitaine) – Ludivine Seulin-Lacroix (du Nord) – Claire Gallic (de l’Ouest).
Mercredi | 11h30 | Salle Montpezat
 
Explorer les possibles :
On voit toujours midi à sa porte, comme on voit toujours le monde à travers nos yeux d’humains.
Ne serait-il pas intéressant d’emprunter le regard du vivant et des non-humains pour renouveler nos imaginaires touristiques ?
Le super panel : Clément Simonneau (un marseillais à l’accent chartreux), Geneviève Aubry (une québecoise à l’accent… ben québecois), Ludivine Seulin-Lacroix (toujours du Nord et ça s’entend).
Jeudi | 14h30 | Amphi Lamartine a.k.a le plus doux des lieux pour s’entendre raconter des histoires

D’ici là, on vous souhaite un changement de saison des plus agréables, vous ne verrez plus les potimarrons comme avant 😉
 


[1] https://www.etourisme.info/un-guide-touristique-policier-comme-guide-de-destination/

Visuel de couverture : Raymond Queneau, Narration typographique.

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Laurence Giuliani dirige Akken, agence de production sonore pour les destinations touristiques et les lieux de culture. Anciennement responsable d'un Office de Tourisme en milieu néo-rural (ou péri-urbain, comme vous voulez), manager d'artistes, productrice en label indépendant, Laurence cultive la curiosité comme carburant du quotidien. Ses marottes : le son, le tourisme culturel et le "komorebi", cette lumière qui filtre entre les arbres, comme des fêlures de timidité entre les [...]
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