Ça plane (pas) pour moi ! S’envoyer en l’air mais à quel prix ?

Publié le 31 mai 2023
5 min

Une actualité particulièrement carbonée qui m’a choqué début mai : Hong Kong Tourism Board qui offre 500 000 billets d’avion pour « relancer » le tourisme. A l’heure du débat sur la régulation du trafic aérien et des propositions d’interdiction des jets privés (Julien Bayou), cet article s’inscrit dans le cadre d’un dossier spécial MOBILITÉS avec mes collègues Brice Duthion et Cédric Chabry. Je vous propose aujourd’hui une synthèse des rapports parlant de l’aérien et vous fais une proposition de SWOT sur les enjeux de la diminution des transports aériens.

Campagne Hello Hong Kong organisée par Hong Kong Tourism Board : 500 000 billets d’avion offerts. (un aller-retour Paris/HK = 3 tonnes éq CO2)

Don’t) Gimme a ticket for an aeroplane… Ain’t got time to take a fast train

Donnez-moi un billet d’avion, Je n’ai pas le temps de prendre un train express (les mélomanes auront la référence à The Letter de The Box Tops).

Dans le bilan des gaz à effet de serre de l’ADEME sorti en 2021, les chiffres sont là : les transports aériens pèsent 41%.

Source : ADEME, 2021

L’ADEME souligne que la décarbonation du secteur aérien est essentielle pour atteindre les objectifs climatiques à long terme. Elle indique que les émissions de CO2 du transport aérien devraient être réduites de 60% d’ici 2050 pour limiter le réchauffement climatique à 2°C. L’ADEME identifie plusieurs solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du transport aérien, notamment la mise en place d’un système de tarification du carbone, l’utilisation de biocarburants durables, l’amélioration de l’efficacité énergétique des avions, la réduction de la demande de transport aérien, et le développement de technologies plus durables pour les avions.

Voler en 2050 : toutes les solutions sont-elles encore possibles ? (Shift Project)

Retrouvez le rapport complet : https://theshiftproject.org/article/quelle-aviation-dans-un-monde-contraint-nouveau-rapport-du-shift/

Constats :

  • L’industrie du transport aérien est responsable d’une part importante des émissions de gaz à effet de serre, représentant environ 2 à 3% des émissions mondiales de CO2.
  • Les technologies actuelles pour réduire les émissions de CO2 dans l’aviation, telles que les biocarburants et l’amélioration de l’efficacité énergétique des avions, ne suffiront pas à atteindre les objectifs climatiques à long terme.
  • La croissance du trafic aérien est incompatible avec la transition vers une économie décarbonée.
  • Il est donc nécessaire de réduire la demande de transport aérien pour atteindre les objectifs climatiques.

Propositions :

  • Réduire la demande de transport aérien en encourageant le télétravail, les réunions en ligne et en développant des alternatives de transport plus durables comme le train.
  • Augmenter les taxes sur les billets d’avion pour encourager les voyageurs à opter pour des modes de transport plus durables.
  • Mettre en place un mécanisme de plafonnement et d’échange des émissions de CO2 pour le secteur aérien.
  • Investir dans la recherche et le développement de technologies plus durables pour l’aviation, telles que les biocarburants de deuxième génération et les avions électriques.
  • Mettre en place une réglementation plus stricte sur les émissions de CO2 pour l’aviation et encourager les entreprises à investir dans des projets de compensation carbone.
Mobilité longue distance, infographie du Plan de transformation de l’Economie Française par le Shift Project (travail piloté par Béatrice Jarrige)

Voyager bas carbone (Shift Project)

Retrouver le rapport complet : https://theshiftproject.org/article/rapport-final-voyager-bas-carbone-ptef/

Les principales recommandations incluent :

  • Encourager le recours aux modes de transport les plus économes en carbone, tels que les transports en commun, le covoiturage, le vélo et la marche.
  • Promouvoir les véhicules électriques pour les déplacements individuels, en particulier pour les trajets de courte distance.
  • Réduire la demande de voyages en limitant les déplacements non essentiels, en encourageant le télétravail et en favorisant les réunions en ligne.
  • Favoriser la planification de voyages efficaces pour réduire le nombre de kilomètres parcourus.
  • Encourager la mise en place d’une tarification intelligente et incitative pour les déplacements individuels afin d’encourager les choix économes en carbone.

Should I stay or should I go?

Je vous propose ici une SWOT non exhaustive de certains enjeux liés la diminution du trafic aérien.

https://bonpote.com/pourquoi-arreter-lavion-ne-devrait-plus-etre-un-debat/

Atouts

La France dispose de nombreux atouts en matière touristique qui pourraient aider à compenser la diminution du trafic aérien :

  • Une grande variété de destinations : grande diversité de destinations touristiques qui représentent des alternatives aux destinations internationales ;
  • Un réseau de transport bien développé ;

Faiblesses

  • Un coût de la vie élevé (notamment les prix des billets de train particulièrement onéreux) ;
  • Une dépendance au tourisme international et des visiteurs arrivant par voie aérienne ;
  • Des infrastructures limitées dans certaines régions notamment en zones rurales, les fameux derniers kilomètres ;
  • Des problèmes de congestion dans certaines villes qui peut rendre les déplacements en voiture ou en transport en commun plus difficiles.

Opportunités

  • Le développement de nouvelles offres de tourisme durable :
    • Encourager les touristes à opter pour des modes de transport plus durables, tels que le train ou le bus.
    • Cela peut offrir des opportunités pour les acteurs du tourisme de proposer de nouvelles offres de tourisme durable, en mettant en avant des pratiques respectueuses de l’environnement et en valorisant des destinations moins connues.
  • Le développement du tourisme local :
    • Encourager les touristes à privilégier des destinations locales, ce qui peut offrir des opportunités pour les acteurs du tourisme de valoriser des destinations moins connues et moins fréquentées, en mettant en avant leur patrimoine culturel, leur gastronomie et leurs activités de loisirs.
  • La diversification des sources de touristes :
    • La France peut également chercher à diversifier les sources de touristes, en encourageant la venue de touristes en provenance de pays proches, tels que la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne ou l’Italie, qui pourraient être plus facilement accessibles par voie terrestre.
  • Le développement de nouveaux modes de transport :
    • La diminution du trafic aérien peut encourager le développement de nouveaux modes de transport durables, tels que le transport fluvial ou le covoiturage
    • Cela peut offrir de nouvelles opportunités pour les acteurs du tourisme de proposer des offres innovantes et durables.
  • La valorisation du patrimoine naturel :
    • La France dispose d’un patrimoine naturel riche et diversifié, qui peut être valorisé pour encourager le tourisme durable et responsable.
    • Les acteurs du tourisme peuvent développer des offres liées à la randonnée, à la découverte de la faune et de la flore, ou encore à la pratique d’activités sportives en plein air.

Menaces

  • La diminution de la compétitivité : impact négatif sur l’ensemble de l’industrie touristique, en réduisant le nombre de touristes étrangers.
  • La diminution des recettes touristiques : conséquences pour les acteurs du tourisme, qui pourraient voir leur chiffre d’affaires diminuer.
  • L’impact sur les infrastructures touristiques : peut entraîner une réduction de l’offre de transport et une diminution de la qualité des services.
  • L’impact sur les régions dépendantes du tourisme : en particulier celles qui sont moins accessibles par voie terrestre, et entraîner une diminution des emplois et des revenus locaux.

Le sujet est vaste et complexe entre incitation côté demande et régulation côté offre.

Petit teaser pour mon 2d billet sur le sujet qui sortira en septembre où nous parlerons de rationnement, fiscalité carbone et allocation climat.

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Dans un secteur touristique en développement continu, il est indispensable d'accompagner les professionnels vers un tourisme raisonné et responsable. Je me décris comme une apicultrice de projets touristiques en transition. J'aime aller m'inspirer ailleurs et je prône la politique du petit pas (penser global et agir local). Je prépare actuellement une thèse doctorale sur la "gouvernance de la performance publique, management hybride de la performance globale pour les OGD".
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