A quoi bon s’engager si c’est pour faire comme dans le passé ?

Publié le 5 octobre 2018
7 min

Psychologues, sociologues, café-philo, partis politiques, religion, secteur médical, webmarketing, thésards, etc. je sors de quelques lectures sur la notion d’engagement qui me questionne depuis un moment. Ma phrase préférée à propos de cette notion reste celle-ci : « Étant donné la variété sémantique du terme, il s’avère infructueux de spéculer sur son « véritable » sens ». Voilà comment nous épargner un paragraphe de définition philosophique sur lequel chacun aura son avis.

En revanche, nous serons certainement d’accord sur un point : la notion d’engagement fait fureur en ce moment. Mais pourquoi au juste ? Le billet du jour vous propose des zooms sur quelques exemples d’actions, idées et ressources autour de l’engagement, la mobilisation et la recherche de sens.

Des nuits solidaires dans les hôtels pour Solikend

Avec Solikend, des hôteliers s’engagent en proposant des chambres dont 100 % du prix reviendra à des associations partenaires qui œuvrent dans la santé, l’environnement, le social… Du côté du client, il réserve sa chambre auprès d’un hôtel solidaire et choisit l’association qu’il souhaite soutenir. Du côté hôtelier, il s’engage à reverser 100 % à l’association choisie par le client par le biais de Solikend. Il s’inscrit dans les démarches RSE (responsabilité sociétale des entreprises), remplit des chambres occasionnellement inoccupées et jouit d’une exposition valorisante sûrement en accord avec les convictions du gestionnaire.
Pour Solikend, la démarche sociale et solidaire bat son plein et l’association soutient la réservation directe par un acte solidaire.

Pour nos territoires, il y a certainement là une nouvelle approche inspirante pour mobiliser autrement des hôteliers sensibles à ces sujets. Et demain, pourquoi pas aller jusqu’à soutenir une association ou un projet qui a un impact local direct. Le client qui s’engage localement par sa réservation hôtelière, pas mal non ? Continuez à lire…

Planter des arbres pour Voyageurs du Monde, Terres d’Aventure et Air France

Voyager dans les airs, c’est polluer. Les agences de voyage comme Voyageurs du Monde se sont donc engagées pour compenser les émissions de CO2 générées par les mobilités aériennes et terrestres de ses clients. Couvrant jusqu’ici 20 % des émissions de CO2, le groupe compense à 100 % depuis 2018 par le biais de sa participation au fond d’investissement LIVELIHOODS qui financent des projets de replantation forestière dans le monde.  

Sur le même créneau, AirFrance s’est engagé auprès de l’association A Tree For You. Ils ont créé ensemble le programme Trip and Tree permettant de sensibiliser les voyageurs et leur permettre de faire des dons pour les projets de reforestation en France ou à travers le monde. « Faites un geste pour la Planète en rejoignant la communauté d’éco-voyageurs Trip and Tree » pouvons-nous lire sur le site mais je vous mets au défi de trouver de riches informations sur ce programme.

Précisions sur le programme Trip and Tree au 16 octobre 2018 avec mes remerciements auprès de A Tree For You : 
Le partenariat est en fait très simple : Air France met en avant l’offre A Tree For You auprès de ses clients passagers, notamment par campagne emailing ou bien encore tout autre support. Les dons collectés par Air France (lorsque c’est le cas), sont reversés intégralement. Air France a également soutenu l’association financièrement pour démarrer opérationnellement, ainsi que la DGAC et les VNF. Aujourd’hui c’est la première campagne mailing réalisée avec Air France avec des résultats très encourageants. 

Pour nos destinations qui peuvent et veulent attirer encore davantage de visiteurs internationaux _dans ce contexte mondial où le kerozène ne semble a priori pas la principale voie de salut_ il y a certainement de quoi s’inspirer pour s’engager collectivement d’une manière ou d’une autre dans la compensation des émissions de gaz à effet de serre.
Imaginez : La destination France compense le CO2 émis par 30 % des voyageurs étrangers qui viennent visiter ce magnifique pays.

La charte d’engagement du voyageur pour l’Islande

L’Islande étant à l’honneur la semaine prochaine aux #ET14, ça permet de mettre en avant non sans mal leur communication pour engager le voyageur à respecter ce bout de terre.
Face à l’augmentation permanente de touristes, comment faire pour sensibiliser et responsabiliser ces derniers dans leur consommation de l’île ? L’Islande a choisi en juin 2017 de lancer le Serment Islandais que l’on retrouve dès la page d’accueil de https://www.inspiredbyiceland.com. La communication décalée fait sûrement son effet et l’éducation du voyageur prend son sens. Cela s’arrête-t-il à la communication, le voyageur se mobilise-t-il pour autant ? En tout cas, 45 400 personnes prêtent serment. 

L’altruisme pour le voyage de Joël Gayet

Ce TEDx de Joël Gayet est captivant cherchant à démontrer comment l’altruisme est créateur de valeurs ainsi qu’un avantage compétitif. Le passage vous présente ici comment le client dans sa préparation de voyage se retrouve à soutenir un projet local suite à sa réservation de chambre.
Pour aller plus loin, gardez-vous ça au chaud, ces 15 min sont top.

EDIT #ET14 : Si tu viens à Pau pour les #ET14 la semaine prochaine, Joël va refaire à peu près la même prez’, économise-toi du temps en regardant pas la vidéo et écoute le pour de vrai sur scène jeudi prochain 😉

L’engagement, les partenaires, les équipes et les Organisations de Gestion d’une Destination 

Prenons l’exemple d’une OGD dans sa quête d’engagement. Elle veut engager les partenaires autour de projets collectifs. Elle engage son territoire dans le développement durable. C’est la course à l’influenceur et à l’engagement sur ses réseaux sociaux. Elle cherche à engager le voyageur dans une consommation locale, voire responsable, voire respectueuse. Elle souhaite l’engagement de ses salariés. Elle court après l’engagement de décideurs. Elle engage les locaux pour les propulser ambassadeurs.

Cependant, vous avez certainement vu aux travers les exemples cités plus haut qu’il existe une différence de portée quand la personne est ou n’est pas directement concernée par les retombées de son engagement. Vous n’avez certainement pas été sensibles à tous les exemples. En bref, on n’engage pas les autres, ils s’engagent eux-mêmes.

Il y a derrière cela une notion de responsabilité, de durée, de risque et aussi de perte.
Pour les mots forts comme « risque » et « perte », il faut bien sûr les prendre avec des pincettes car les degrés de risque et de perte sont très variables en fonction de la nature de l’engagement. Un partenaire qui s’engage auprès de l’office de tourisme pour un projet mal ficelé risque de perdre du temps. S’il adhère au projet commun et qu’il estime ne pas avoir les retombées escomptées, il risque d’avoir perdu l’argent investi dans l’éventuelle adhésion.
Pour la durée, pensons au challenge auquel se confronte continuellement une équipe pour maintenir l’engagement de collègue et collaborateur dans le temps. Reconnaissance, bien-être au travail, faire-savoir interne, expression libre des craintes, des mal-êtres et des joies, partage d’objectifs, partage de valeurs et de vision commune, etc, représentent certains des aspects qui amènent progressivement une équipe et/ou chaque collaborateur à se mobiliser dans l’entreprise et qu’il faut animer continuellement.
Et la suite donc, quelle serait-elle ? Un engagement collectif d’une équipe dans une cause commune ? Et si demain, 5 % des ventes que nous générons dans l’office de tourisme servent à financer le voyage d’enfants qui ne partent pas en vacances.

En tout cas, l’engagement pose question sur son rapport à soi et son rapport aux autres avec en toile de fond le sens donné à tout ça. Pour quoi on s’engage et à quoi on s’engage ? Mon engagement se fait pour mes propres intérêts ou mon engagement se fait pour le collectif et le vivre ensemble ou les deux ?

Quand une OGD cherche à travailler avec tous ses partenaires et s’usent à relancer et animer les moins réactifs, ceux qui ne veulent pas s’engager donc, on peut considérer qu’ils n’y voient pas d’intérêt propres et que l’engagement pour le collectif est une notion abstraite pour eux. Pourquoi s’épuiser ? (une histoire de service public et de modèle économique certainement).

Mais, si s’engager évoque les notions de temps et de sens donné, alors s’engager, c’est aussi se tourner vers l’avenir. Du coup, ce même partenaire non engagé est peut-être juste en train de penser : « à quoi bon s’engager si c’est pour faire comme dans le passé ? »

 

Bonus et sources

  • Chercher, c’est s’engager avec le moteur de recherche Lilo : chacune de vos recherches sur ce moteur de recherche génèrent en une goutte d’eau qui se transforme en argent pour soutenir la cause de votre choix.
  • L’arrondi de Nature et Découvertes : la fondation propose de faire l’arrondi en caisse pour soutenir une association
  • La baguette en attente et le café suspendu : acheter une baguette pour vous et une deuxième pour une future personne qui n’a pas les moyens de s’en acheter. Et demain, des activités, des visites, des nuitées suspendues sur vos destinations ? 
  • Merci à Hélène, Nadia, Laurence, Fabien, Laure, Laurence, Jean-Luc, Florent et Charlotte
  • http://cafes-philo.org/2012/12/theme-quentendons-nous-par-engagement/
  • https://www.tourisme-durable.org/actus/item/874-evaluer-reduire-et-compenser-ses-emissions-de-co2
  • https://journals.openedition.org/sociologies/642?amp%3Bid=642
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Stimuler, écouter, conseiller, animer, former, partager, apprendre... est mon quotidien professionnel appliqué au secteur de la formation et du tourisme. Il s'agit de favoriser l'adaptation des compétences, des missions et des organisations en perpétuelle transition. Depuis 2009 au sein de la Mission des Offices de tourisme de Nouvelle-Aquitaine (MONA), son directeur depuis 2020, les secteurs d'interventions et d'exploration évoluent continuellement : transition managériale, transition numérique, transition durable, marketing de services, [...]
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