Paris la nuit c’est fini !?

Publié le 18 mai 2022
4 min

Pour les plus jeunes parmi notre lectorat, il s’agit du refrain d’un titre de la Mano Negra, sorti en 1991, se lamentant des rétorsions contre la vie nocturne menée par la municipalité d’alors. Extrait :

Paris la nuit c’est fini
Paris va crever d’ennui
Paris se meurt, rendez-lui ses nuits blanches…

La semaine dernière, François nous évoquait les bistrots de la vie locale, j’ai donc décidé de pousser la visite un peu plus tard, avec cette fameuse vie nocturne qui ne fait décidément pas la une de nos sites internet.

Fin mars, la Tangente a produit une excellente série de billets sur cette question avec l’interview en deux parties de Laurent Queige (Partie 1Partie 2) et un article conclusif donnant des pistes sur les façons de faire vivre une destination la nuit.

On avait d’ailleurs débattu ce sujet lors des Rencontres National du etourisme à Pau il y a quelques années, avec toujours Laurent Queige, Grégory Guzzo qui dirigeait à l’époque Val Thorens, Stéphane Canarias avec l’ambiance rugby à Brive et le Festival, ainsi que Maïthé Levasseur pour la vision québécoise, Montréal et ses multiples festivals.

Le monde de la nuit reste chargé de soufre, avec ses abus, ses dangers, ses pratiques et figures locales parfois peu recommandables, et donc, de fait, une incompatibilité presque logique avec la face lisse de la gestion institutionnelle d’une destination. Et si les collectivités agissent en terme de transport, de prévention, notamment sur le bruit, d’organisation, nos Offices de Tourisme restent bien timides pour la plupart.

Cette offre constitue pourtant un passage presqu’obligé pour une partie de nos vacanciers, et notamment les groupes d’amis, quel que soit leur âge d’ailleurs, pour qui il est bien compliqué de dénicher la bonne information et de trouver l’endroit qui sied à leurs goûts en terme d’ambiance, de musique.

J’ai fait un petit tour rapide de quelques grandes villes, où il s’agit de l’une des activités incontournables pour nombre de touristes.

À Paris, on mise surtout sur les cabarets et spectacles à la renommée internationale, qui drainent les clientèles internationales et provinciales et leur permet de découvrir certains quartiers à la vie nocturnes agitées. Mais dans l’arborescence du site, impossible pour l’internaute lambda que je suis de trouver une quelconque occurrence liée aux discothèques… Pas de panique, il y a le moteur de recherche :

Oups ! Ma recherche dans Google de l’OTCP m’avait tout simplement emmené vers l’url https://reservation.parisinfo.com/ ! Rassurez-vous, en allant sur le site de préparation et non de réservation, on retrouve heureusement en bonne place une rubrique « Sortir » assez fournie qui viendra contrebalancer la Mano Negra. Avec son agenda, son listing, ses conseils pour se déplacer et les urgences allant de la grosse à 5h du mat’, la pharmacie ou le fleuriste, Paris est à la hauteur de sa réputation.

À Toulouse, une rapide recherche dans les quatre rubriques principales et l’arborescence qui en découle ne me permet pas de retrouver une catégorie « Discothèques » ou « Où sortir », je ne vois que des bars et guinguettes. Le moteur de recherche est cette fois plus loquace, avec 18 résultats, mais des descriptifs qui le sont bien moins, difficile à partir de cela de me faire une idée…

https://www.toulouse-tourisme.com/mots-cles?search_api_views_fulltext=discoth%C3%A8que

On progresse avec Lyon et Marseille, qui proposent dans leur arborescence tous deux une vraie rubrique dédiée, dès le deuxième niveau chez les gones avec une rubrique « Nocturne » dans l’onglet « Je découvre », puis une sous rubrique clubs et discothèques avec un listing qui laisse sur sa faim au vu du manque d’illustrations et de descriptifs pour de nombreux lieux. Chez les minots du sud, l’organisation est similaire avec dans la rubrique « Organisez votre séjour » une sous-rubrique « Où sortir, se divertir » où l’on trouvera en queue de peloton l’accès au listing des clubs et discothèques. On y retrouvera davantage de visuels, parfois un descriptif qui ne donne que rarement une véritable indication utile au visiteur découvreur, souvent des horaires d’ouverture fantaisistes.

On finit ce rapide tour de France avec Bordeaux, qui dans son onglet « Profiter » affiche une rubrique « Sortir » plutôt fournie, avec des incontournables, une sélections de bars musicaux et dansants, les clubs, DJ sets et Dancefloor, ainsi qu’une sélection « Où manger tard » qui ravira les plus gourmands des festifs, même si l’on s’arrête à 2h du matin…

Les descriptifs sont plus écrits et fouillés que chez ses collègues, et permettent de se faire une idée plus précise de ce qui correspondra le mieux à nos envies.

On déplore assez souvent le manque de qualité de l’information des bases de données institutionnelles pour de nombreux prestataires, le manque de lien entre les mondes culturels et touristiques, mais on voit clairement ici à travers quelques exemples que le monde la nuit et celui des Offices de Tourisme ne communiquent que très peu ensemble. Visuels pauvres, descriptifs faméliques, horaires d’ouverture peu fiables, et aucun contenu de type playlists spotify/deezer ou autres qui viendraient donner un aperçu de l’ambiance musicale !

Ne nous auto-flagellons pas non plus, un petit tour sur le site de Londres ne nous donne qu’un vague listing lui aussi assez peu pourvu en information, et Barcelone, la Mecque des festifs du sud, ne livre qu’un bref descriptif des quartiers sans aucune adresse, et Prague, comme Budapest semblent faire totalement l’impasse sur le sujet !

Amsterdam par contre est à la hauteur de sa réputation, avec (pour les anglophones) une véritable page Nightlife, un agenda dédié, et même un Nightlife Ticket pour une découverte sur 1, 2 ou 7 jours de la vie nocturne amstellodamoise !

Et vous, comment faites-vous pour trouver les bons endroits où sortir pendant vos week-ends et séjours ?

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Ludovic a démarré sa carrière en Auvergne, à l’Agence Régionale de Développement, puis dans un cabinet conseil sur les stratégies TIC des collectivités locales. Il a rejoint en 2002 l’Ardesi Midi-Pyrénées (Agence du Numérique) et a plus particulièrement en charge le tourisme et la culture. C'est dans ce cadre qu'il lance les Rencontres Nationales du etourisme institutionnel dont il organisera les six premières éditions à Toulouse. À son compte depuis [...]
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