KISS. Ce que Leboncoin.fr nous révèle de l’économie du tourisme numérique

Publié le 20 août 2013
5 min

Durant ces semaines calmes du mois d’août, nous vous proposons le best-of des articles parus dans le premier semestre 2013. La rentrée de la rédaction est fixée au 26 août.

Aujourd’hui, un article paru en mai 2013 sur Leboncoin.f r et des inspirations que l’on peut en tirer sur l’économie et le développement touristiques. 

Ce n’est plus une surprise mais une confirmation. Leboncoin.fr arrive en 8ème position du classement Médiamétrie des sites les plus consultés en France avec 17,5 millions de visiteurs uniques en mars 2013, quasiment deux fois plus que Météo France, devant Free, Pages Jaunes, Amazon, etc.

Comme son nom ne l’indique pas et malgré ses origines françaises, le site appartient à un groupe étranger. Ce serait anecdotique hors contexte du protectionnisme étatique et plus précisément quant à l’opposition du gouvernement au rachat de la plateforme française de diffusion vidéo Dailymotion par l’américain Yahoo!. En son temps, l’encre numérique n’avait pas autant coulé pour leboncoin.fr cédé au delà de nos frontières.

Leboincoin.fr garde néanmoins le français dans son extension de domaine jusque dans son public cible. Basé sur un des plus vieux modèle du commerce de proximité et révolutionné par l’Internet sans frontières, il se présente comme un site de petites annonces de particuliers à particuliers et même de professionnels à particuliers. On y trouve de tout ou presque, une caverne d’Ali Baba à rendre baba ! Du fer à lisser jusqu’au Château Lafite Rothschild 1976 sans oublier une rubrique entière dédiée aux locations de vacances ! Un article des Echos montre ce que révèle le succès du Boncoin.fr dans la consommation des ménages et plus largement sur l’économie française. Quelle deuxième lecture peut-on en faire pour les sites de destinations touristiques ?

Le Bon Coin Location de vacances en Vendée

Illustration : Une recherche avec le mot clé « puy du fou » dans la rubrique des locations de vacances et son moteur de recherche minimaliste (néanmoins efficace) avec les disponibilités des hébergements.

Le premier message c’est l’économie.

“L’an dernier, le pouvoir d’achat par tête a reculé de près de 1 %. Depuis 2007, le même pouvoir d’achat a stagné. C’est sans précédent depuis la dernière guerre. Du coup, les Français économisent.”

Le tarif est un facteur déterminant dans la comparaison et la réservation d’une offre touristique. Un critère à intégrer prioritairement dans les filtres des moteurs de recherche et non plus seulement comme un tri d’affichage secondaire dans les listes de résultats.

Le deuxième message c’est le retour de la proximité.

“Le site ouvre sur une carte de France. On arrive dans son département en deux clics, dans sa ville, en inscrivant son code postal. Le vendeur est à 2 kilomètres, parfois dans sa rue.”

L’entrée cartographique est indispensable dans un site de destination touristique. Car tous les touristes ne connaissent pas forcément la charmante bourgade de Trifouilly-les-Oies pourtant bien connue des élus locaux et de leurs administrés.

La première clientèle d’une destination touristique ce sont ses propres habitants. Les collectivités du tourisme dépensent majoritairement leurs énergies et leurs budgets sur des stratégies de conquête en délaissant finalement les actions de promotion destinées aux locaux, premiers consommateurs du territoire et sans doute les plus faciles à convaincre d’y rester. Par ailleurs, les greeters, les animateurs numériques de territoires contribuent à leur échelle à l’animation du tissu économique local.

“Dans l’ancien temps, on apprenait par le bouche-à-oreille que le cousin de Georges, qui habite le village d’à côté, avait un cheval à vendre.”

De nos jours, Telma apprend sur son fil d’actualités Facebook que l’appartement de son amie Louise qui habite à San Francisco, est disponible en location pour les vacances. Les médias sociaux ne sont ni plus ni moins que le prolongement du bouche-à-oreille sur Internet.

“C’est l’amorce d’une société plus horizontale, avec moins d’intermédiaires”.

Internet a bouleversé les modèles transactionnels traditionnels où les vendeurs intermédiaires comme les agences de voyage étaient quasiment incontournables. On constate une forte tendance à la désintermédiation et à la vente directe. En témoignent les sites tels que Bedycasa, AirBnb, HomeAway, Abritel, Wimdu qui mettent en relation directe les particuliers et qui interrogent par leur succès sur le fondement réglementaire de ce nouveau modèle de commercialisation.

Le troisième message porte sur la valeur.

“Leboncoin élargit le marché, en y intégrant des millions d’objets qui étaient jusque-là à son pourtour. La valeur déborde des magasins, des circuits traditionnels de distribution et de production. Au fond, Leboncoin.fr donne une leçon de marché à tous ceux qui croient déjà le connaître.”

L’offre touristique pullule de toute part sur Internet, celle promue par les organismes officiels de destination, celle commercialisée par les privés, celle qui afflue des particuliers, sans oublier la main mise perceptible de nouveaux acteurs majeurs de l’Internet tel que Google et les pureplayers du voyage en ligne comme Expedia, Voyages Privés, Voyages Sncf. Pour les organismes publics clairement menacés sur leurs prérogatives, il est encore temps de s’interroger sur la chaîne de valeur de l’information touristique. Continuer à dépenser sans relâche dans la mise à jour de bases de données relationnelles quasi surannées ou déplacer le curseur sur la production de contenus touristiques à valeur ajoutée ?

Le dernier message, KISS !

KISS est un acronyme pour le principe du « Keep it simple, stupid » qui prône la simplicité dans la conception.

Au delà de ce que nous révèle le site de petites annonces “leboncoin.fr” en économie comme dans le tourisme, il respire la simplicité jusque dans son design minimaliste (pour ne pas dire moche). Mais après tout, quel intérêt de le rendre plus séduisant ? Il remplit simplement les fonctions que l’on attend de lui. Sans fioritures graphiques, les pages se chargent rapidement, ce qui joue d’autant sur le référencement naturel dans les moteurs de recherche. Quant aux sites d’organismes de promotion touristique, leurs objectifs sont multiples : séduire, informer, accompagner, comparer, vendre, fidéliser ainsi que vouloir le touriste, l’argent du touriste et la crémière. Les sites de destinations pourraient sans doute gagner en simplicité.

KISS, un modèle à embrasser ?

 

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Directeur marketing et communication à Clermont Auvergne Tourisme. Enseignant vacataire à Clermont-Ferrand, Perpignan et Lyon.
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