Green washing et Bashing sont dans un bateau…

Publié le 17 mai 2019
4 min

L’histoire ne nous dit pas s’il s’agit d’une barque, d’un bateau à voile ou d’un paquebot… mais à la fin, on sait tous qui va tomber à l’eau !

Green washing, ou blanchiment vert, éco blanchiment, c’est l’action par laquelle une entreprise, une marque met en avant une politique ou des actions en faveur de l’environnement alors même que son activité est par essence destructrice. On a tous en mémoire ces publicités de constructeurs vantant leur écoresponsabilité… Greenpeace les épinglait déjà avec ce terme anglophone sur son site en 2008 !

Bashing, dénigrement ou cogner en bon français, c’est le retour de bâton, dont sont adeptes de nombreuses associations, comme l’illustre l’exemple de Greenpeace. Mais si nos concitoyens étaient probablement assez peu nombreux en 2008 à s’élever voire à appeler au boycott des marques incriminées, la prise de conscience est de plus en plus forte, et l’impact sur le business de ces entreprises devient réel. Nutella en a fait les frais il y a quelques années, avec les reprises notamment sur les réseaux sociaux des désormais célèbres hashtags #NutellaTueLesOrangsOutans ou #HuileDePalmeNonMerci et pour finir #BoycottNutella.

Suite à la publication en 2018 d’un rapport de l’ONG Carbon Disclosure Project (CDP) stipulant que seulement 100 entreprises dans le monde causeraient à elles seules 71% des émissions mondiales de gaz à effet de serre depuis 1988, le journaliste et cartographe Franck Jacobs a décidé de les répertorier et enjoint ses lecteurs à les dénoncer nommément dans cet article, à partir du travail mené par The Decolonial Atlas.

Nos murs Facebook, fils Twitter, Instagram et autres ont clairement évolué ces derniers mois pour faire une place de plus en plus importante aux diverses études, débats, billets et articles nous alertant sur les dérèglements climatiques, pollutions diverses et risques d’effondrement, quand bien même Guillaume Cromer ne serait pas votre « ami ». Son billet sur le phénomène #Flygskam dans ces colonnes, ou le précédent de Sophie illustrent bien ce phénomène. Et les jeunes générations, vos clients de demain, sont encore bien davantage sensibilisés.

Faire preuve de cohérence

À l’instar de ces grosses boîtes, de plus en plus d’attitudes de « green washing » sont aujourd’hui débusquées par la clientèle, qui n’hésite pas à critiquer, clouer pilori certaines prestations, établissements, qui ont des pratiques contraires aux engagements qu’elles prônent. L’usage de verres en plastiques, des conditionnements de savon et shampooing dans les hôtels hérissent le poil de plus en plus de voyageurs, d’autant plus lorsqu’ils sont accompagnés d’une communication dans chaque chambre vous incitant à conserver des serviettes pour une meilleure planète !

Ce commentaire sur Tripadvisor illustre bien cette tendance, et le « personnel adorable » ne parvient pas à contrebalancer cette surabondance de plastique au niveau de la note attribuée !

Le secteur du tourisme, au sujet duquel les médias ont ces derniers temps, à maintes reprises relevé l’aspect nocif, risque donc d’être sous le feu des projecteurs et de sa clientèle, pas toujours à un paradoxe près : est-il permis de moquer le client qui a fait 10 000km en avion et qui s’offusque sur les réseaux de la paille en plastique dans son cocktail ? Mais oui, c’est à vous d’être cohérent et aligné, pas forcément à votre client 😉

À l’occasion de la Journée Internationale de la Terre le 22 avril 2018, Booking a sondé 12 marchés pour interroger les touristes, et les résultats sont éloquents !

87% des voyageurs déclarent souhaiter voyager en limitant leur impact sur l’environnement

40% aimerait disposer d’un filtre “écoresponsable” sur les sites de réservation

68% comptent séjourner dans un hébergement écoresponsable

➔ Le tourisme responsable devient un critère déterminant dans le choix d’une destination pour 31% des voyageurs.

Les destinations, prochaines cibles ?

À la lecture de ce dernier chiffre qui risque de croître dans les années à venir, il apparaît évident qu’il va falloir que les destinations et donc les collectivités réfléchissent à des politiques en accord avec ces attentes de la clientèle, et les communique. Mais là aussi, le retour de flamme pourrait être sévère !

Va-t-on continuer de communiquer en faveur des déplacements doux, mais se contenter de rajouter un bandeau vert en bord de route, continuer d’investir dans de coûteux ronds-points et km d’enrobé, m2 de parkings alors qu’il reste impossible de garer son vélo ?

Peut-on affirmer des politiques éco-responsables tout en s’enorgueillissant de l’agrandissement de l’aéroport ou de l’ouverture de nouvelles lignes aériennes par des compagnies low-cost dont le coût en (pseudo) subventions pose réellement question ?

On peut craindre effectivement que nos concitoyens comme nos visiteurs n’utilisent leurs réseaux pour dénoncer cette schizophrénie comme ils l’ont fait avec le monde privé…

Si vous voulez vous prémunir d’une communication qui pourrait être taxée d’écoblanchiment, vous pouvez consulter ce petit guide réalisé par l’ADEME.

Et pour finir sur un autre secteur lui aussi montré du doigt, le textile, j’aime beaucoup, sur le fond, comme sur la forme (écrit et audio) la page « Projet » bien mise en avant dans le menu du site de la marque de chaussures Veja qui fait oeuvre d’engagements mais aussi de transparence.

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Ludovic a démarré sa carrière en Auvergne, à l’Agence Régionale de Développement, puis dans un cabinet conseil sur les stratégies TIC des collectivités locales. Il a rejoint en 2002 l’Ardesi Midi-Pyrénées (Agence du Numérique) et a plus particulièrement en charge le tourisme et la culture. C'est dans ce cadre qu'il lance les Rencontres Nationales du etourisme institutionnel dont il organisera les six premières éditions à Toulouse. À son compte depuis [...]
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