L’accueil hors les murs… numériques ! ! !

Publié le 26 septembre 2016
6 min

By Sam Howzit (The Wall) [CC BY 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)], via Wikimedia Commons

L’accueil « hors les murs », voilà une stratégie qu’elle est bonne ! On est bien d’accord. L’idée a fait son chemin et on est tous convaincus de la nécessaire proactivité qui consiste à aller à la rencontre du touriste là où il se trouve, bref, rarement dans nos offices.
Quand je dispense une formation traitant entre autres de Facebook, je constate souvent que bon nombre de participants viennent en espérant de ma part la démonstration de la fonctionnalité « cachée » de ce média, l’astuce qui leur permettra de multiplier leur nombre de fans par 20 et le taux d’engagement par 50…
Et non… De même que le Père Noël n’existe pas, il n’y a pas de miracle facebookien, instagramiste ou encore twitterant. Seul le travail paie et ce travail passe par des actions « hors les murs NUMÉRIQUES » !

 

« On ne créée pas une communauté, elles existent déjà »

By Annika Laas (Own work) [CC BY-SA 4.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)], via Wikimedia Commons

Cette phrase est de Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook, qui sait très bien de quoi il parle. Son succès est dû à une idée toute simple: mettre à la disposition d’une communauté existante (les étudiants de Harvard) un outil (Facebook) pour leur permettre de savoir qui est ami avec qui et plus largement, excusez ma trivialité, de savoir qui couche avec qui.
Son application a ensuite connu le succès que l’on sait au fil d’autres communautés se l’appropriant à leur tour.
Autrement dit: tant que vous vous obstinerez à limiter votre stratégie et vos actions à la création d’une communauté autour de vos produits ou territoires touristiques, vous échouerez. En outre, la plupart du temps, quand on est dans cette logique, on « attend » le client. C’est une démarche contre-productive et, vous en conviendrez, absolument pas pro-active.

Les médias sociaux sont des outils, pas des amulettes chamaniques garanties pour « les retours d’affection, le succès financier, ou la guérison miraculeuse »! Autrement dit, vous devez vous les approprier, en développer vous-même le potentiel communicationnel et vous en servir avec audace et créativité. Pour ce faire, ce billet se veut l’occasion d’un conseil élémentaire qui découle de ce que j’explique plus haut:
Allez chercher les gens là où ils sont!

Du mythe à la réalité

Prenons un exemple tout simple: vous êtes en charge du Community Management de la Citadelle de Briquetteville (lieu fictif, vous l’aurez compris), superbe bâtiment empreint d’histoire militaire et vous l’avez fait: vous avez déployé toute la panoplie du CM. Page Facebook, compte Twitter, Pinterest, chaîne YouTube, rien ne manque…
Trois mois plus tard, triste bilan: 302 fans sur la page (dont 78 qui sont des proches de l’un ou l’autre membre du personnel), 14 abonnés sur Twitter et 11 visionnages de vos vidéos (dont quelques uns à attribuer à votre présentation aux collègues et au C.A.). Le miracle n’a donc pas eu lieu…

Soyons clair: personne ne vous suivra pour vos beaux yeux! L’être humain est ainsi fait; la question qui le motive est « Qu’est-ce que j’y gagne« . Bref, on repart de zéro et on procède autrement en allant chercher le public là où il se trouve déjà.
Pour ce faire, il fait prendre un peu de recul par rapport à son activité et tenter de trouver la réponse à cette question pour chaque publication: « Qu’est ce qui, dans mon produit, est susceptible d’intéresser, de passionner, d’éveiller la curiosité d’un ensemble de personnes? ».

Raisonnez en termes de « passion », « fan-attitude », « collection »,…

By Ildar Sagdejev (Specious) (Own work) [GFDL (http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html) or CC BY-SA 4.0-3.0-2.5-2.0-1.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0-3.0-2.5-2.0-1.0)], via Wikimedia Commons

Maintenant que vous avez compris que les gens ne viendront pas à vous, à votre page, comme par magie, et que « créer une communauté » est réservé aux gourous, procédez autrement.
Pour commencer, après la prise de distance évoquée précédemment, couchez sur papier les passions, sujets ou personnages, en lien direct avec votre produit: derrière ceux-ci se trouvent de multiples communautés déjà existantes disséminées sur le web: forums, blogs et autres fan-pages sont leurs repaires et c’est là que vous établirez le contact avec eux.

Ainsi, si je reprends mon exemple de la Citadelle de Briquetteville, j’ai un produit susceptible d’intéresser:

  • Les passionnés d’histoire, à fortiori d’histoire militaire
  • Les amateurs de patrimoine architectural (militaire ou non)
  • Si ma Citadelle est de Vauban, les aficionados de ce dernier
  • Les amoureux de Briquetteville et, par extension, de son bâtiment emblématique
  • En fonction des sujets des expositions temporaires, une multitude de domaines ou passions

Ces éléments identifiés, il faut maintenant passer à une longue phase de recherche de forums, de blogs et de pages Facebook (mais le moteur de recherche interne de celui-ci n’est pas des plus efficaces… Le travail sera forcément un peu laborieux) liés à ces sujets. Il vous restera alors à vous investir sur ces médias et à vous présenter de manière transparente (« Je suis le CM de la Citadelle de Briquetteville et… »). Ainsi, sur un forum consacré à l’histoire militaire, vous aurez l’occasion de présenter succinctement votre produit et de préciser, par exemple, aux personnes intéressées qu’il leur suffit de rejoindre votre page sur Facebook pour être tenus au courant de toute l’actualité du site touristique.
Bien sûr, n’y allez pas avec de gros sabots: la courtoisie, le sens du service à la personne et la valeur ajoutée de ce que vous proposez devront guider vos pas sur ces lieux d’expression. Certaines pages Facebook permettent à tout un chacun de s’exprimer. Faites le test: tapez « patrimoine militaire » sur Facebook et vous verrez que des pages existent déjà (l’une avec 123 fans par-ci, une autre avec 278 fans par là,…) et que par ce biais, vous pourrez entrer en contact direct avec des personnes pour lesquelles votre produit représente un intérêt certain car n’oublions pas non plus que le but du Community Management en tourisme n’est pas de battre le record du monde du nombre de fans mais bien d’accroître la fréquentation de votre site (pas le web; l’autre, le vrai…). Dans cet exemple, je parle donc bien de communiquer sur Facebook non pas via votre propre page mais par le biais de pages existantes et dont vous n’êtes pas le gestionnaire.
Les fans de cette page sont de l’autre côté de l’hexagone et ne viendront pas jusqu’à Briquetteville ? Détrompez-vous ! Un passionné est prêt à faire beaucoup de kilomètres pour ce qui l’intéresse. Bref, cette démarche, si elle prend évidemment beaucoup de temps, n’est jamais inutile et elle touchera un public qualifié, intéressé.

Conclusion

Par ESCUDERO bernard (Travail personnel) [CC BY-SA 4.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)], via Wikimedia Commons

En fait, la meilleure comparaison que je puisse trouver est à chercher du côté du monde de la pêche. Soit vous pratiquez la pêche à la ligne: vous vous installez tranquillement dans le confort rassurant de votre page Facebook et vous attendez que le poisson morde… Pas très exaltant et pas très proactif.
Soit, et c’est cela pratiquer l’accueil hors les murs numériques, vous enfilez vos bottes et, à l’instar du pêcheur à la mouche, vous bougez en permanence pour aller chercher le poisson là où il se trouve ! Bref, il faut se mouiller !

C’est cela aller à la rencontre des gens dans l’univers virtuel. Les forums sont vieux comme le web et beaucoup sont encore en intense activité et visités par des milliers de passionnés constituant de véritables communautés qui ne vous ont pas attendu pour se constituer. Par contre, et ils ne le savent pas encore, ils vont adorer ce que vous avez à leur proposer!
Bon travail et à bientôt!

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Conférencier et consultant en Innovation touristique, Denis Genevois est également actif dans la sphère e-business et le marketing depuis plus de 20 ans. Il accompagne au quotidien les acteurs publics et privés du tourisme en Belgique francophone et en France dans leurs projets. Il est Directeur associé chez Un Tour d'Avance, bureau spécialisé en innovation et ingénierie touristique.    
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