Pour votre informatique, vous serez plus riches, plus alignés, plus sûrs et plus sobres en adoptant le libre !

Publié le 5 avril 2024
6 min
Le 16 mars dernier, le Digital Cleanup Day (la journée mondiale du nettoyage numérique) fut une bonne occasion de faire un salutaire « Ochterputz » (grand ménage de printemps, comme on dit chez moi) de nos données numériques.
Mais on pourrait faire beaucoup plus par une adoption massive du libre !

Le graphique ci-dessous figure dans la note de synthèse réalisée par l’ADEME et l’Arcep (19 janvier 2022) intitulée : « Évaluation de l’impact environnemental du numérique en France et analyse prospective ».

On constate que 79% de l’empreinte carbone du numérique se situent dans le matériel, très loin devant la gestion des données qui ne représente que 16%. L’outil impacte beaucoup plus que l’usage !
Tous les gestes comptent, bien sûr, et loin de moi l’idée d’opposer des démarches qui visent le même but. Le Digital Cleanup Day participe à l’effort de réduction de l’empreinte carbone, mais on voit bien qu’une action vigoureuse sur la partie matérielle aurait un impact bien plus significatif. Un petit tour sur l‘outil gratuit d’évaluation de l’empreinte carbone proposé par l’Institut du Numérique Responsable permet de se faire une idée de l’empreinte globale et des gains potentiels.

Deux leviers incontournables et accessibles pour diminuer l’empreinte environnementale des matériels

  • Augmenter la durée de vie des matériels : en effet, l’impact se focalise sur la production de la machine et son recyclage. On peut drastiquement diminuer son impact tout simplement en augmentant la durée de vie des machines. Passer de 3 ans (durée moyenne actuelle) à 6 permet de diviser par deux l’impact !
  • Diminuer la puissance des matériels : des machines avec moins de mémoire vive, moins d’espace de stockage, moins de puissance graphique, nécessitent moins de composants et génèrent moins de consommation électrique.

Quatre pistes d’action concrètes, efficaces et efficientes, à adapter bien sûr à votre contexte

  • Faire un point des usages dans une perspective de sobriété
    Quels sont les besoins matériels et logiciels vraiment nécessaires aux missions des uns et des autres ? Cette évaluation objective permet de constater que l’on dispose d’une armada de logiciels plus gourmands les uns que les autres et dont on n’utilise souvent que 10 ou 15% des capacités. À partir de ce constat on peut établir des types de configurations « sobres » qui orienteront les caractéristiques des ordinateurs eux-mêmes.
    C’est aussi se poser les bonnes questions quant au degré de sécurité et de confidentialité nécessaires (vaste débat) …
  • Adopter des solutions logicielles simples et en ligne
    Souvent les solutions bureautiques en ligne (Google, Microsoft, Zoho, …) sont largement suffisantes pour couvrir les besoins des équipes et elles favorisent en plus la collaborativité. Bien sûr, ces usages consomment des ressources réseaux, mais ils permettent de réduire grandement la puissance des machines et leur maintenance. Faire tourner Excel sur son ordinateur impose une machine beaucoup plus puissante que de travailler en ligne sur un Google Sheet par exemple.
  • Favoriser l’hybridation des machines
    Beaucoup de salariés disposent d’ordinateurs portables personnels. Pourquoi ne pas « louer » ces machines aux salariés plutôt que d’en acheter de nouvelles ? Cela peut bousculer, voire heurter des habitudes de fonctionnement bien ancrées, notamment dans les structures de type collectivités, mais avec un peu d’imagination, de bon sens et d’agilité, ça se passe très bien.
    Là aussi, pour chaque ordinateur privé-professionnel c’est un impact divisé par deux !
  • Préférer le stockage des données en ligne
    À l’évidence, le stockage de vos données aura un impact bien inférieur s’il est mutualisé au sein de « fermes » de serveurs chez un opérateur engagé soucieux de l’environnement. Les solutions internes requièrent des machines puissantes à fort impact environnemental et des moyens de rafraîchissement énergivores.

Et le libre dans tout ça ?

« Les logiciels libres sont des programmes informatiques qui peuvent être utilisés, étudiés, modifiés et distribués sans restriction. Ceux-ci donnent aux utilisateurs la liberté de les partager. Les usagers peuvent en contrôler l’usage et le développement. Avec des communautés de développeurs informatiques, les logiciels libres sont améliorés en tenant compte des besoins des individus. » (France Num)

En deux mots, les logiciels libres sont conçus et fabriqués par des usagers pour les usagers, alors que les logiciels commerciaux sont conçus et fabriqués par des entreprises pour des clients. C’est une approche « philosophique » radicalement différente assez proche de l’idée des communs en sociologie, c’est-à-dire une mise hors du champ marchand de certains services ou infrastructures.

Le système d’exploitation Linux est la principale alternative libre à Windows ou MacOS. Pour la petite histoire, sachez que Linux et MacOS partagent la même fondation « libre » : UNIX.

  • Windows est aujourd’hui très majoritaire et pré-installé sur la quasi-totalité des machines. C’est un système d’exploitation très gourmand en ressources. Il nécessite 64 Go d’espace-disque et 16 Go de mémoire vive pour fonctionner correctement. Sa popularité (70% des machines) l’expose à de très nombreuses attaques malveillantes qui imposent de faire tourner en permanence des anti-virus.
  • Linux est décliné en « distributions » adaptées à différents usages. La plus populaire et la plus grand public s’appelle Ubuntu. Ubuntu peut s’installer sur n’importe quelle machine (même les Mac, même si cela n’a pas beaucoup d’intérêt quant on a MacOS). On peut l’installer en parallèle de Windows et choisir l’un ou l’autre à chaque démarrage de la machine. Ubuntu est très sûr (pas de virus à ce jour) et bien moins gourmand que Windows : 20 Go d’espace-disque (au lieu de 64 !) et 8 Go de mémoire vive (au lieu de 16 !)
  • MacOS ne fonctionne que sur des machines Apple. C’est un système très sûr et performant (basé sur le même cœur que Linux). De par son mode de distribution exclusif, les machines Apple sont plutôt haut-de-gamme et donc assez onéreuses.

L’adoption d’Ubuntu permet donc des gains pécuniaires (puisqu’il est gratuit), mais aussi d’augmenter la durée de vie de vos machines par sa frugalité en ressources. De plus, on peut très facilement l’installer à côté de Windows, pour permettre par exemple à un salarié d’avoir dans la même machine son univers Windows personnel et Ubuntu pour le travail.

Bien sûr la distribution Ubuntu inclut toute une série de logiciels libres utiles au quotidien : dessin, photos, musique, etc. On peut facilement y ajouter d’autres logiciels libres très pointus comme Gimp et Inkscape pour les spécialistes de l’image.

Personnellement je travaille depuis 2005 sur Linux. Je m’y suis mis sans aucun problème car l’interface est aussi conviviale que Windows ou MacOs. J’avais installé Ubuntu en parallèle de Windows, mais très vite j’ai viré Windows qui ne me servait plus à rien et encombrait mon disque dur…
J’ai essayé plusieurs distributions pour finir aujourd’hui sur Ubuntu, pas la plus sobre, mais la plus populaire avec une communauté d’utilisateurs très réactive. Comme l’installation prend au plus 30 à 45′, on peut ré-installer sa machine très régulièrement si besoin. Ma machine de bureau actuelle a six ans, et, raisonnablement, elle fait tout ce que je lui demande (visios, bureautique, un peu de graphisme, etc.) avec agilité et sobriété !

En adoptant l’informatique libre, vous allez donc économiser en achetant des machines moins puissantes et en les gardant plus longtemps, aligner votre démarche numérique sur des valeurs fortes, renforcer la sécurité informatique, et réduire l’impact écologique de votre organisation. CQFD !

Évidemment, la démarche de transition vers le libre provoque quelques irritants par rapport aux (mauvaises) habitudes prises… comme pour les transports, le tourisme, l’alimentation, etc. Une transition n’est jamais anodine, même une transition vertueuse !

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Paul FABING était directeur de la Mission Attractivité chez Alsace Destination Tourisme.  Architecte de formation, ancien consultant tourisme, chef du service Tourisme de la Région Alsace, directeur de RésOT-Alsace (Réseau des offices de tourisme), directeur du pôle Qualité de l'accueil à l'Agence d'Attractivité de l'Alsace (AAA), il occupe cette fonction depuis 2020. Entre autres missions, la Mission Attractivité gère et anime le système d’information touristique alsacien qui consolide l’ensemble des [...]
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