Vert, jaune, rouge : quand le consulting s’engage

Publié le 3 mai 2021
7 min

Un peu de couleurs pour ce lundi post-férié. Vert – jaune – rouge, rien à voir avec la palette des drapeaux panafricains !! Pour mon premier billet 😉 je souhaitais vous parler de la responsabilité sociétale et de l’éthique des bureaux d’études. Certains en ont fait depuis le début leur carte de visite (une ID de qui parle ?) et d’autres s’y mettent et c’est tant mieux ! Utopique, vertueux, innovant ou tendanciel, on a tou.te.s un.e pro sensible au développement durable qui sommeille en nous. Peut-être sans le savoir !

Responsabilité des consultants

Commençons par définir ce qu’est la RSO/RSE (responsabilité sociétale des entreprises et organisations). Selon ISO (organisation internationale de normalisation), il s’agit d’une contribution volontaire des organisations au développement durable.

L’opportunité pour elles de prendre en compte les 3 dimensions du développement durable et d’en « rendre compte » aux parties prenantes en intégrant leurs attentes (consommateurs, salariés, institutions, professionnels, citoyens, …).
La RSO se traduit par un discours transparent autour des enjeux suivants :

  1. La gouvernance de l’organisation ;
  2. Les droits de l’homme ;
  3. Les relations et conditions de travail ;
  4. L’environnement ;
  5. La loyauté des pratiques ;
  6. Les questions relatives aux consommateurs ;
  7. Les communautés et le développement local.

L’intérêt de la RSO est d’aller plus loin que le triptyque des 3P du développement durable (« people, planet, profit ») qui peut paraitre désuète aujourd’hui. Rappelons tout de même la définition de l’OMT de 2004 : « le tourisme durable est un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil ». Évidement et surtout dans le tourisme, il FAUT intégrer ces enjeux. Tout comme la transition digitale, le RSE doit/devrait faire partie intégrante des stratégies de développement touristique.

17 objectifs de développement durable proposés par l’ONU en 2017 (les « ODD » comme on dit)
17 objectifs de développement durable proposés par l’ONU en 2017 (les « ODD » comme on dit)

Éthique, déontologique, durable, responsable, morale, vertueux … Ça peut faire peur énuméré comme ça mais c’est plutôt cohérent avec les définitions citées plus haut, sans s’enfermer dans une usine à gaz et surtout sans tomber sans les clichés des bobos-hippies de la transition.

Conscience environnementale

There is no planet B (livre de Mike Berners-Lee)
There is no planet B (livre de Mike Berners-Lee)

L’environnent ce n’est pas uniquement compter les petits oiseaux et faire pipi dans des toilettes sèches !! (même si on adore les grues cendrées et qu’on est d’accord pour dire que 10 litres pour une chasse d’eau potable c’est beaucoup…). Appliquée à nos métiers, la mise en place d’une gestion environnementale parait être un bon commencement.

  • Limiter le gaspillage des ressources naturelles : les fameux 4R = refuser, réduire, recycler et réutiliser ;
  • Evaluer, planifier, faire participer et s’engager : mettre en place des écogestes pour réduire nos consommations ;
  • Avoir en tête les impacts et la facilité de mise en œuvre de nos actions : les principaux postes de dépenses des ménages français sont les transports, l’énergie (bâtiments, électricité, numérique), les déchets (le plastique c’est vraiment pas fantastique) et l’eau.

Côté discours, démarrons déjà par nous-même (et faire sa part du colibris) et par notre équipe avant d’aller accompagner les pro et sensibiliser les clientèles touristiques pour éviter le « faites ce que je dis et pas ce que je fais » !

Comme illustration, on peut citer des initiatives encourageantes de consultants allant dans ce sens :

  • My Destination qui travaille sur la sobriété numérique et l’impact sociétale des campagnes social media avec l’ADEME et le Shift Project ;
  • Guest & Strategy qui a fait son bilan carbone et cogite à une charte RSE en interne ;
  • Les podcasts (X)périentiel sur le tourisme de demain ;
  • Les BE qui intègrent les réseaux comme ATD « acteurs du tourisme durable » ;
  • (je ne peux pas tous les citer mais on y est !)

Bien-être au travail et égalité

« Les hommes (et les femmes) naissent et demeurent libres et égaux en droits » (déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789)
« Les hommes (et les femmes) naissent et demeurent libres et égaux en droits » (déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789)

Prendre soin de la planète, on en est convaincu, prendre soin des uns et des autres, c’est peut-être plus compliqué. L’humain est au cœur de nos métiers mais malgré les initiatives en faveur des visiteurs pour un tourisme pour tous, on rame toujours dans nos organisations :

  • Parité entre les femmes et les hommes : l’écriture inclusivec’est bien, mais l’égalité dans les salaires et l’accès aux postes à responsabilité devrait être une norme (sans parler de discrimination positive). Messieurs, vous seriez surpris d’entendre certains discours machistes et totalement passéistes dont sont victimes les femmes. Même si #METOO a permis de libérer la parole de certaines, on a encore du boulot !!
  • Qualité de vie au travail (QVT) et bien-être sur les aspects de : contenu du travail, relations aux collègues, relations à la hiérarchie, environnement de travail, relation à l’organisation vie pro et vie perso et équilibre personnel ;
  • Inclusion et accessibilité :  véritable tabou, la lutte contre le racisme, l’homophobie ou encore la xénophobie, on n’en parle quasiment pas dans nos métiers (je suis preneuse si vous avez des exemples). Côté accessibilité handicap, on voit des offres orientées visiteurs mais peu voire pas du tout d’aménagements en interne. On parle aussi de « publics empêchés » rassemblant plusieurs catégories de personnes isolées : malades, personnes à mobilité très réduite, personnes très âgées, hospitalisées, réinsertion d’anciens détenus, …

Rassurons-nous, la prise en compte du facteur humain est de plus en plus intégrée et valorisée :

  • La QVT by Sophie Moreau, experte bienveillante en intelligence collective : prendre le temps, s’écouter, se respecter, collaborer, … Valoriser nos métiers et les valeurs qui nous animent et qui nous font nous lever le matin !
  • Picto Access qui propose des solutions d’accueil et de mobilités inclusives, sans s’enfermer dans une marque qui évolue tout le temps, cette communauté met de la couleur dans l’inclusivité de nos équipements et promotion ;
  • Le coaching RH de Jean-Pierre Conduché sur l’accompagnement à la GPECT (gestion prévisionnelle des emplois et compétences territoriales) et l’utilisation de la méthode Belbin (psycho-sociologie du travail et rôles en équipe) ;
  • Le compte Instagram « Balance ton agency »  contre le harcèlement au travail et avec les conseils juridiques du cabinet Alkemist spécialisé en droit social.

Valorisation des territoires, du terroir et des habitants

Donner et se donner la banane !
Donner et se donner la banane !

Le tourisme s’est vivre une expérience unique de vacances ou d’excursion. Qui dit expérientiel dit aussi rencontre(s). D’où l’importance (l’obligation même) de prendre en compte les spécificités locales dans l’accompagnement des territoires.

  • Valoriser les habitants dans le design des offres touristiques : greeters, ambassadeurs ;
  • Associer les parties prenantes dans la gouvernance touristique : élus, socio-pro représentatifs, partenaires institutionnels, voire les autres commerçants (hors adhérents), habitants et visiteurs ;
  • Penser circuits courts et approvisionnement en local, c’est pas le terroir qui nous manque en France ;
  • Créer une identité et des valeurs fédératrices en lien avec son territoire et au cœur des stratégies de marketing territorial ;
  • Capter les clientèles de proximité, de loisirs. Pas besoin pour tous d’aller cibler des marchés lointains quand on sait que la majorité de nos clientèles touristiques sont infrarégionales.

On n’est pas que sur des jolis discours, la preuve :

  • Permaculteur du tourisme de proximité et fierté locale : j’adore le slogan de Touristic qui « croit en un tourisme local, très local, humain, très humain ». Il fait d’ailleurs partie des chuchoteurs de pépites locales et collecteurs de secrets loin des plafonds moches !
  • Voyage expérimental ou le locatourisme à la Joël Henry, fondateur du Latourex qui amène du jeu et du ludisme dans le séjour à la « cap ou pas cap » ;
  • Trouver un lieu qui fait sens au territoire, les tiers-lieux sont un super exemple d’endroit physique pour faire ensemble ;
  • La valorisation des monnaies locales dans le tourisme et l’exemple du Pays basque pionnier en la matière ;
  • S’inspirer ailleurs que dans le tourisme institutionnel, le monde associatif en collégiale ou en sociocratie permet de revoir nos façons de fonctionner en invitant chacun à faire des propositions pour plus de transparence et d’ascendance dans la prise de décisions.

Entre convictions perso et intérêts pro

Voici quelques bonnes raisons de se lancer dans la RSE :

  • Se différencier des autres consultants et valoriser une image positive auprès de futurs clients ;
  • Fédérer et fidéliser son équipe (on parle d’entreprenariat social et d’entreprise à missions) ;
  • Acquérir et développer de nouvelles compétences et mettre en place un outil de gestion RSE en interne pour mesurer ses impacts ;
  • Répondre aux attentes clients ;
  • Réduire ses pollutions et rejets et de manière générale ses coût d’exploitation.

Mes petits conseils par la fin

  • Soyez convaincu et convainquant dans votre discours : la sincérité, ça se voit ! (l’opportunisme et le green, pink ou social washing aussi) ;
  • Il faut y aller maintenant. Pas d’obligation réglementaire pour le moment mais une normalisation croissante, notamment les clauses sur l’éco-responsabilité dans les cahiers des charges et les marchés publics ;
  • Enfin, il a urgence (climatique), soyons les acteurs du changement et contribuons à un meilleur avenir pour les futures générations.

Peu importe les motivations qui vous animent, soyez-en fière et dites-le ! Pour ma part je prône un tourisme à impact positif en pensant global et agissant local. Même si je suis personnellement engagée dans une transition sociétale, j’ai conscience qu’on a tou.te.s des raisons différentes de se jeter à l’eau, l’objectif reste la prise de conscience, le passage à l’acte et bien-sûr les résultats !

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Dans un secteur touristique en développement continu, il est indispensable d'accompagner les professionnels vers un tourisme raisonné et responsable. Je me décris comme une apicultrice de projets touristiques en transition. J'aime aller m'inspirer ailleurs et je prône la politique du petit pas (penser global et agir local). Je prépare actuellement une thèse doctorale sur la "gouvernance de la performance publique, management hybride de la performance globale pour les OGD".
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