Norio le robot de visite au château d’Oiron. Suivez le guide !

Publié le 18 août 2016
5 min

Chers lecteurs.

Durant ce mois d’août, la rédaction du blog est en vacances. Nous en profitons pour vous faire redécouvrir des articles qui ont été publié durant ces 12 derniers mois.

Ce post de Mathieu Bruc a été publié le 04 mai 2016

Depuis novembre 2013, Norio est un robot médiateur qui accompagne le public à mobilité réduite pour la visite du château d’Oiron dans Les Deux-Sèvres. Le visiteur est au centre du projet et la technologie rencontre l’usage, une expérience à valeur ajoutée !

Norio-Oiron

Le musée du château abrite la collection d’art contemporain Curios & Mirabilia et compte parmi les 100 monuments nationaux gérés par le Centre des monuments nationaux.

Il accueille annuellement 45 000 visiteurs avec une véritable politique d’accessibilité :

  • rez de chaussée accessible aux PMR,
  • accueil spécifique lors de manifestation extérieure,
  • documents de visite du monument en gros caractères,
  • maquette tactile du monument,
  • organisation régulière de visites en langue des signes par des médiateurs sourds,
  • visites et ateliers adaptés aux différents types de handicaps.

Le 1er étage qui accueille une grande partie de la collection est accessible par un escalier non adapté aux PMR. Des travaux structurels n’étaient pas prévus même s’ils le sont généralement dans cette situation.

L’idée ? Un robot en prolongement du visiteur pour une découverte autonome et active du premier étage.

Qui est Norio ?

Norio est un robot « avatar » piloté librement depuis le rez-de-chaussée. Il permet à des visiteurs en situation de handicap moteur de découvrir des espaces et des oeuvres d’art du 1er étage. Une webcam restitue le portrait du visiteur sur l’écran du robot et prolonge la relation humaine où la machine est un outil de découverte et de communication instantanée.

L’ergonomie de l’interface de pilotage et la sécurité autour de l’espace de déambulation du robot ont été intégrées au coeur du projet. La prise en main nécessite à peine 5 minutes de formation. Le poste de pilotage est conçu pour permettre à plusieurs visiteurs concernés de participer à la visite faite par un pilote unique.

La réalisation technique a nécessité 3 ans de travaux. Elle est le fruit d’une collaboration entre les roboticiens de Droïds Company et les ingénieurs réseaux en charge de la couverture Wi-Fi qui permet de piloter Norio depuis le rez-de-chaussée. Une connexion qui pourrait même s’étendre au réseau Internet pour permettre de contrôler le robot à distance, par exemple depuis le lit d’hôpital ou le domicile d’un enfant malade.

Combien d’euros pour le petit robot dans la vitrine ?

On résonne davantage en investissement qu’en modèle économique. L’utilisation de Norio est réservée exclusivement aux personnes à mobilité réduite. Elle est gratuite comme l’accès au monument pour toute personne à mobilité réduite et son accompagnateur.

Le financement initial s’appuie sur des crédits partagés entre le Château d’Oiron, Centre des monuments nationaux, la Région Poitou-Charente, les fonds européens et le Département des Deux-Sèvres.

Le budget global du dispositif-pilote représente la bagatelle de 80 000 € dont 25 000 € pour l’installation du Wi-Fi. Samuel Quenault, Chargé des collections et de la communication, relativise le coût qui serait sans doute moindre et amorti si ce projet devait être décliné ailleurs. Toute la partie « recherche & développement » a été réalisée dans le cadre d’un partenariat étroit avec les roboticiens de DROIDS Company qui ont trouvé aussi leurs intérêts en matière d’expérimentation et de visibilité. Saluons un beau partenariat public-privé !

Dans la peau de Norio

Les premiers utilisateurs concernés ont été associés à la conception du projet comme la délégation départementale de l’APF 79, ainsi qu’une artiste en situation de Handicap. Marine Chevalier, jeune artistique plasticienne, elle témoigne de son expérience :

La première fois que j’ai utilisé Norio, j’ai été immédiatement séduite par l’expérience que produisait ce petit robot-avatar ! Certes il ne remplace pas un ascenseur et je n’étais pas physiquement à l’étage, mais Norio ajoute une nouvelle dimension à la visite. Un peu comme avec les robot sous-marins d’exploration d’épaves, je suis partie à la découverte de l’art et du château ! J’ai pris cet outil comme une expérience en soi, entre le virtuel et le réel, dont j’étais la privilégiée.

Depuis son lancement, une centaine d’utilisateurs se sont glissés dans la peau de Norio. Encore trop peu pour en déduire des statistiques mais les premiers résultats sont concluants en termes de retours qualitatifs exprimés par les visiteurs, dont certains sont revenus plusieurs fois !

Banco Norio !

Dans cet autre papier, j’exprime des interrogations sur le progrès fulgurant dans la robotique et l’Intelligence artificielle.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, j’ai été séduit par Norio ! Une réalisation insuffisamment mise en valeur à mon sens, elle le méritait au moins dans ces colonnes. On peut s’interroger sur le retour sur investissement. L’utilisation reste délimitée dans un contexte bien précis pour répondre à une certaine frange de clientèle. Norio a été lauréat du Prix Patrimoine et Innovation 2015.

La démarche a du sens pour le visiteur.
elle le place au centre du dispositif.
la technologie répond à un usage.

La technologie apporte de la plus-value et n’est pas seulement perçue comme un gadget ! C’est sans doute trop rare pour le signaler même s’il faut mettre quelques milliers d’euros sur la table pour s’offrir les services de Norio. 

Gageons que ce type de dispositif puisse être déployé dans d’autres monuments ? On imagine aisément des évolutions de carrière pour Norio comme le contrôle à distance par un guide interprète en langue des signes ou en langues étrangères pour s’adapter à tous les visiteurs. On pourrait même lui réserver des accès privilégiés interdits au public pour des raisons techniques dans des espaces protégés et étroits comme les grottes préhistoriques. Du côté de Lascaux, je crois savoir que l’on mise plutôt sur la réalité virtuelle, un autre moyen de projeter le visiteur dans une exploration ludique et interactive de son environnement.

Entre tourisme, culture et nouvelles technologies, quel cocktail détonnant !

Et vous, conquis par la robotique au service du visiteur ?

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Directeur marketing et communication à Clermont Auvergne Tourisme. Enseignant vacataire à Clermont-Ferrand, Perpignan et Lyon.
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