Le contenu est roi ? Pas si sûr…

Publié le 6 décembre 2012
3 min

Comme souvent pour appuyer un propos un peu à contre-courant du “etouristiquement correct”, je serai un peu provocateur pour ce billet d’humeur…

“Le contenu est roi” fut l’une des phrases largement rabâchées lors des rencontres de l’etourisme institutionnel de Pau, les fameuses #et8. C’est aussi l’antienne à la mode entonnée par tout bon spécialiste de l’etourisme qui d’ailleurs la fredonne plutôt en Anglais pour rester au top de la branchitude…
Mais bon, quelle nouvelle ! Moi il me semblait bien que, par définition et simplement bon sens, sans contenu, ne restait que du vide… Sans contenu, point de site.

Rappelons aussi qu’Internet est un média, un vecteur de communication où tout est signifiant. De ce point de vue le fond et la forme participent tous deux à la qualité du message et de l’image voulues par l’émetteur. Et le “glissement” de la consultation d’Internet vers les tablettes et les téléphones intelligents renforce sans doute encore l’importance de la forme.

En effet, si l’on regarde en arrière, on peut s’amuser à distinguer des approches successives du web touristique :

  1. « Regarde comme il est au top de la technique mon site ! » -> approche exploratoire des premières années du web (ah les bon vieux modems qui tintinnabullaient !)
  2. « Regarde comme elle belle mon info ! »-> approche de l’offre avec les belles bases de données en ligne (et pas les bases de belles données…)
  3. « Regarde comme elle est belle ma destination ! » -> approche de la demande avec les sites immersifs et personnalisables par l’internaute

Et aujourd’hui j’ai l’impression que débute la phase 4. “Regarde comme c’est facile !” -> approche ergonomique pour faciliter l’accès aux contenus sur les supports mobiles.

Regardez ces 2 exemples de sites avec ces copies d’écran en taille réelle pour une consultation sur un téléphone intelligent dernière génération :

 

  • Le site Savoie Mont-Blanc

    Souvent cité à juste titre comme un très beau site immersif, mais impossible de naviguer sur un écran tactile de cette taille. 
    Le contenu et l’approche immersive sont remarquables mais inutiles ici.

    Bon il y  a une application Iphone disponible, mais il faut la télécharger et il n’y a sans doute pas le même contenu que le site « amiral »… et j’ai un smartphone sous Android, donc la question est déjà réglée 🙂 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

  • Le site de Lyon

     

    Lui aussi très souvent commenté pour son approche innovante, son adaptation au format embarqué est remarquable de simplicité.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
On le voit bien, quelque soit la noblesse du contenu, la qualité de la forme rend un site « sympathique » et l’autre « répulsif ». Le contenu est un roi nu… sans facilité d’accès, sans qualité de mise en forme, il ne retient pas l’attention. Dès lors disparaît sa charge de communication qui constitue pourtant l’objet même du site.
 
D’un autre côté, on sait bien que plus l’espace se réduit, plus la normalisation des interfaces guette… L’objectif ergonomique conduit même à retenir les normes d’usage des outils et services les plus répandus afin de ne pas « perdre » l’usager en l’obligeant à « décoder » une ergonomie originale… Du coup comment marquer sa différence dans un media de plus en plus standardisé ? 
On voit là surgir un paradoxe qui pose question : la capacité moindre à se distinguer incitera fatalement à s’interroger sur la pertinence du site s’il ne correspond pas à une destination évidente pour le mobinaute. En somme, on peut imaginer que cette tendance à la « miniaturisation » des sites va conduire mécaniquement à la réduction de leur nombre, un peu à l’instar de l’économie où la concentration constitue le corollaire du développement.
 
Et au delà, on nous parle du web des objets… il paraît que nos mobiles deviendront des télécommandes intelligentes pour piloter toutes sortes d’objets « connectés ». Du coup la dictature du mobile s’amenuisera sans doute et cette nouvelle approche redonnera du sens à la diversité des contenus en s’affranchissant des formats réduits.
 
Voilà une réflexion sans doute partielle et imparfaite qui provoquera, je l’espère, vos commentaires pour alimenter ce débat.
 

 

 

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Paul FABING était directeur de la Mission Attractivité chez Alsace Destination Tourisme.  Architecte de formation, ancien consultant tourisme, chef du service Tourisme de la Région Alsace, directeur de RésOT-Alsace (Réseau des offices de tourisme), directeur du pôle Qualité de l'accueil à l'Agence d'Attractivité de l'Alsace (AAA), il occupe cette fonction depuis 2020. Entre autres missions, la Mission Attractivité gère et anime le système d’information touristique alsacien qui consolide l’ensemble des [...]
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