Inquiétude…

Publié le 10 novembre 2023
4 min

Petit billet en forme de carte blanche ce vendredi pour vous faire part des mes inquiétudes relatives au secteur de la restauration, en crise profonde aujourd’hui : contexte de crise qui pousse des établissements à la fermeture, phénomène de la « grande démission », difficultés de recrutement et de fidélisation du personnel et j’en passe. Bref, probablement le secteur qui aura le plus souffert de la crise de la COVID et dont les conséquences bien visibles aujourd’hui posent question. Car oui, l’industrie touristique dépend aussi fortement de la forme des restaurants: un touriste consacre en effet une part non négligeable de son budget à la nourriture. S’il ne va pas tous les jours au restaurant, il aime néanmoins « se faire plaisir » et la qualité de son expérience culinaire impactera forcément sa perception de la destination. Nous sommes tous les maillons d’une chaîne complexe sur la route de la satisfaction de nos clients.

Tourisme et nourriture

Selon une étude de Opinionway – Sofinco, le budget vacances des français se répartit comme suit:

  • 29% pour la nourriture
  • 27% pour le logement
  • 23% pour les transports
  • 21% pour les loisirs

Bref, la nourriture est le premier poste de dépense et les loisirs…le dernier ! Evidemment, nourriture ne signifie pas forcément « restaurant » mais pendant les vacances, « on aime se faire plaisir » et les belges n’échappent pas non plus à la règle (près dun quart des belges dépensent plus qu’ils ne peuvent se le permettre pendant l’été).

C’est dire si dans l’expérience globale du touriste, les plaisirs de la table jouent un rôle majeur. Mais que se passe-t-il lorsque ce rouage essentiel vient à être défaillant ?

Les difficultés des restaurateurs

Lors de mes dernières missions en tant que consultants, j’ai de plus en plus été confronté à des territoires qui ont vu leur offre de restauration diminuer et ce, parfois jusqu’à l’extrême: je pense à ce village jusqu’il y a peu très touristique qui a vu ses restaurants, en l’espace de cinq ans, passer du nombre de 5 à… 0 ! Ce n’est pas sans conséquence: le public des motards, par exemple, en faisait une halte privilégiée dans la région; il passe aujourd’hui son chemin. Parmi les cinq établissements autrefois présent, un seul connait une disparition « naturelle »: le départ à la retraite des très âgés propriétaires qui reconnaissent d’ailleurs que l’établissement « marchait bien, avec de gros pics les week-ends et jours fériés ». Les quatre autres ont fermé pour des raisons différentes: lassitude et épuisement suite à la vie qu’impose la restauration, crise qui ne permet plus de faire face aux créances ou encore difficultés à trouver du personnel disponible et qualifié.

Si on constate une diminution du nombre d’établissements, on constate aussi de plus en plus une baisse de la qualité de service, ce qui impacte fortement la satisfaction du client. Mais je ne jetterai sûrement pas la pierre aux restaurateurs ! Cela est du à la difficulté majeure que connait aujourd’hui le secteur à trouver une main d’oeuvre qualifiée et qui reste. Et assurer un service en salle de qualité, ça ne s’improvise pas, nos écoles hotelières peuvent en témoigner !

Mais le mal est fait et la tolérance du consommateur a ses limites…

Aujourd’hui en outre, on voit mal comment cette situation pourrait s’améliorer à court ou à moyen terme et soyons clairs: l’image de nos destinations peut en pâtir.

OK, mais qu’est ce qu’on peut y faire nous ?

Bien sûr, il nous est difficile pour la plupart d’agir pour remédier à cette situation; c’est une question économique et politique. Néanmoins, on ne peut non plus fermer les yeux.

Relayer ces inquiétudes et constats auprès des élus et autres décideurs afin qu’ils réalisent qu’il est grand temps d’agir est déjà un premier pas. Ensuite, à un niveau plus local, resserrer les liens avec les acteurs de la restauration qui, il est vrai, ne se voient pas toujours comme acteurs économiques touristiques, est aussi un pas important. Comprendre leurs difficultés éventuelles, leurs besoins et parfois simplement écouter et échanger est bénéfique. On peut aussi faire preuve de créativité sur les destinations en organisant des job days combinés tourisme/restauration, en mettant à disposition des propriétaires de food-trucks des espaces publics bien situés, en relayant les offres d’emploi des restaurateurs auprès des candidats de votre office,…

Une situation à suivre et que je ne manquerai pas de commenter. Par ailleurs, si vous avez pris ou eu vent d’initiatives originales dans cet esprit, n’hésitez pas à commenter ou à me contacter via le blog.

Bon week-end et si vous allez au « resto », pensez aux difficultés rencontrées par ceux qui ont fait de notre plaisir gustatif leur passion et leur quotidien dans une réalité difficile.

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Conférencier et consultant en Innovation touristique, Denis Genevois est également actif dans la sphère e-business et le marketing depuis plus de 20 ans. Il accompagne au quotidien les acteurs publics et privés du tourisme en Belgique francophone et en France dans leurs projets. Il est Directeur associé chez Un Tour d'Avance, bureau spécialisé en innovation et ingénierie touristique.    
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