Ça ne tient plus !

Publié le 9 octobre 2025
6 min

Le monde associatif va mal.

Combien de vos partenaires, contacts locaux sont du tissu associatif ? Dans le travail transversal et territorial que mènent les acteurs territoriaux du tourisme, combien d’entre nous interagissent avec des partenaires du tissu associatif et de l’économie sociale et solidaire ? 100 % certainement. Et si ces acteurs, avec leur missions d’intérêt général du niveau national au niveau local, disparaissaient, avons-nous identifié l’impact de cette destruction dans notre activité ? En prenons-nous la juste mesure ?

On parle là de liens, de moyens humains, de report de charges et de vitalité d’un territoire qui cherche à se rendre tantôt attractif et/ou hospitalier et/ou performant sur le développement économique. Je vous laisse faire votre choix parmi les 3 options selon comment vous percevez le sens de notre activité touristique, ça parlera à tout le monde dans tous les cas.

Mais attendez… combien d’entre nous, sommes des associations déjà ? Combien d’entre nous l’ont été avant de passer sur d’autres modes de statuts et de gouvernance ? Tous concernés ?

Un coup d’œil dans le miroir

La mobilisation est silencieuse dans ce vacarme médiatique. Le Mouvement associatif se mobilise avec le secteur de l’économie sociale et solidaire ce samedi 11 octobre derrière le slogan « Ça ne tient plus ! »

“Depuis plusieurs années, la situation du monde associatif se dégrade dangereusement, dans un silence assourdissant, malgré nos alertes répétées.” Tel est le constat dressé par Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif, dans sa lettre du 3 septembre, date d’annonce de la mobilisation. En savoir plus sur ce mouvement du 11 octobre Pourquoi les associations se mobilisent ?

En France, nous parlons de 700 000 associations, 1,8 million salarié·es et 67 millions d’habitants concernés par ses actions. Je nous laisse regarder dans nos quotidiens personnels partout où ce secteur agit sur les sujets des solidarités, d’éducation, de culture, de sport, de santé, d’environnement, les loisirs et le tourisme.

Professionnellement, ces dernières années, nombre d’entre nous ont poussé, poussent ou souhaitent pousser encore davantage l’équilibre entre les dimensions sociales, environnementales et économiques de l’activité touristique. Les partenariats se multiplient auprès des acteurs de l’accès aux vacances et aux loisirs pour toutes et tous, auprès des acteurs de l’environnement et j’en passe pour être concis…
Tous ces acteurs impulsent des dispositifs et oeuvrent de plus ou moins longues dates avec détermination, pédagogie et défense de l’intérêt commun. Vous les connaissez et j’en oublie bien sûr : Vacances ouvertes, Vacances & Familles, Vacance pour tous, UNAT, ATD, ATR, Les associations porteuses de Famille Plus, Fédération professionnelles, Tourisme & Handicaps, Vacances Voyages Loisirs, Secours populaire, Anaé Vacances, Jeunesse au Plein Air, Accueil familial de vacances, … etc

Toutes des associations.

Mais dans le miroir professionnel, il y a aussi les acteurs institutionnels du tourisme. Nous, pour une grande partie des lecteurs du blog. Ou une grande partie d’ « anciens nous » qui sont passés il y a quelques mois ou années d’un statut associatif à EPIC, SPL, régie, service de collectivité. OT, ADT, CRT, fédérations départementales, régionales, nationales. Rien qu’en Nouvelle-Aquitaine, les organismes de tourisme en statut associatif représentent 29 % du réseau pour 650 salariés. En 2023, ADN Tourisme glissait dans sa Photographie du réseau que 40 % des organismes de tourisme étaient sous statut associatif loi 1901.

Réussir à compter et conter ce qui se détruit sur les territoires…

Nous sommes plutôt bons pour dire ce que nous créons. Nous le valorisons, nous le publions, nous en témoignons, nous en récoltons même des trophées à l’occasion.

Nous sommes moins loquaces et moins habitués pour parler de ce que qui se détruit. A part quand nous sommes directement concernés bien sûr : réduction radicale des charges, puis finances en moins, puis actions en moins, puis salariés en moins, puis bénéficiaires en moins, puis disparition.

C’est bien plus dur à quantifier, mesurer, rendre palpable quand c’est autour de nous et quand les impacts pour sa structure sont indirects car c’est un partenaire, une association de son écosystème qui disparaît et avec elles les hommes et les femmes qui la faisaient vivre, puis les services que nous y trouvions.

C’est bien plus dur à quantifier, mesurer, rendre palpable quand on parle de la destruction de liens sociaux. Et justement, ce lien social, c’est ce que crée aussi le tourisme sur les territoires, comme les événements, les activités culturelles et récréatives, au bénéfice des habitants temporaires et permanents.

Avec la mort douce des acteurs du monde associatif et des acteurs de l’économie sociale et solidaire sur les territoires, est-ce une petite bombe à retardement qui se programme ? Quelques questionnements à la volée pour cogiter sur l’impact :  

  • La fin des associations culturelles, de découverte nature, de sauvegarde du patrimoine aurait quel impact sur l’offre ? La standardisation ou d’autres acteurs sont en capacité de créer cette diversité sur les territoires ?
  • La disparition des associations locales et la fin des événements locaux, fêtes de villages, festivals divers et animations tout au long de l’année laisse-t-elle un calendrier d’animation désert ? Ou d’autres acteurs sont en capacité de prendre le relais ?
  • La fermeture de maison des jeunes et centres de loisirs associatifs amène-t-elle des problématiques de garde des enfants et coupe-t-elle définitivement l’accès à la découverte pour un pan de la jeunesse ? Ou d’autres acteurs sont en capacité de prendre le relais ?
  • La fin des actions de proximité du tissu associatif pour l’accès à des loisirs, au sport, à la culture, à l’événementiel dans sa commue tout au long de l’année amènerait quoi sur les relations entre habitant et voyageurs en pleine saison touristique où la consommation du territoire sera à son zénith ?
  • La fermeture de la recyclerie, du tiers lieux, de la structure d’insertion du territoire détricote quelles autres activité économiques en amont et en aval ?
  • La disparition d’organisations professionnelles d’intérêt général avec leur lors lots de dispositifs d’accompagnement, de lobbyng sectoriels, d’événements professionnels, de méthodes, labellisations, qualifications diverses affecte-t-elle la performance d’un secteur ? Ou d’autres acteurs sont en capacité de prendre le relais ?

Un peu de méthode pour bosser le sujet en interne

Revenons dans vos pénates, directement concernées ou a priori moins concernées (c’est un fake) par la mort lente des structures associatives bénévoles ou employeuses. En cogitant sur les questions d’impact vu au-dessus, je vous propose de faire l’exercice suivant chacun chez vous. (Exercice que je recycle d’une méthode pour cartographier son écosystème, très efficace pour ceux qui sont intéressés)

1- Identifier les acteurs et partenaires qui sont de statut associatif et de l’économie sociale et solidaire qui gravitent autour de votre organisation. Ils peuvent être au niveau local, départemental, régional, national.

2- Mettez des mots sur le rôle qu’ils ont dans votre stratégie, votre cap, votre feuille de route. Vous l’appelez comme vous voulez.

3- Mettez des mots sur le niveau de relations que vous avez et souhaitez avoir.

4- Identifier le ou les services qu’ils vous apportent et surtout la valeur que cela crée pour votre structure (direct ou indirecte, matérielle et immatérielle).

5- Compter en temps humain et en valeur pécuniaire ce que reporte directement en charge chez vous la disparition de l’activité de cet acteur.

6- Conter pour chacun en une ou deux phrases ce que la disparition de cet acteur amène comme maux pour votre structure.  

Sur ce, je vais faire une pancarte.

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Stimuler, écouter, conseiller, animer, former, partager, apprendre... est mon quotidien professionnel appliqué au secteur de la formation et du tourisme. Il s'agit de favoriser l'adaptation des compétences, des missions et des organisations en perpétuelle transition. Depuis 2009 au sein de la Mission des Offices de tourisme de Nouvelle-Aquitaine (MONA), son directeur depuis 2020, les secteurs d'interventions et d'exploration évoluent continuellement : transition managériale, transition numérique, transition durable, marketing de services, [...]
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