Retrouvez l’esprit pionnier !

Publié le 28 octobre 2011
5 min

Au gré de mes pérégrinations, il m’arrive souvent d’entendre des hébergeurs, des responsables et techniciens d’offices de tourisme, des prestataires et gestionnaires de sites, qu’ils se sentent dépassés par l‘évolution ultra-rapide du e-tourisme.

Le rythme imposé par les “grands” acteurs, dont les noms reviennent sans cesse dans ce blog, est frénétique.

Frénétique aussi l’ambiance que nous autres “E-lluminés” entretenons. C’est bien d’entretenir une veille quotidienne mais il est bon de temps à autre de stopper la caravane pour vérifier sa stratégie.

Cette dernière est, selon moi, la parente pauvre du E-Tourisme actuel :

  • La réflexion en termes de services est balbutiante : trop souvent, les logiques d’investissement se portent sur la promotion et négligent le fait que les smartphones, par exemple, sont avant tout des outils pratiques plus que des outils de séduction. Les meilleures réussites sont ainsi liées à des concepts de services touristiques innovants, et non à des widgets diaporamas ou des QR Codes dans le métro (ce qui n’exclut pas de faire aussi des belles choses en la matière) ;
  • Les choix budgétaires sont faits dans la peur : peur de voir ses crédits couper en cours d’année (crainte légitime), peur des élus (sans vision, sans culture technique, sans capacité de réflexion à long terme… mais qui détiennent le pouvoir de dire non à une initiative de géo-caching pour préserver l’impression en 10 000 exemplaires d’un document d’appel inutile), et, surtout, peur de se tromper ! La peur de se tromper est peut-être la plus embarrassante : elle inhibe la faculté de faire des choix et de mettre en accord ce qu’on sait avec ce qu’on fait. C’est ainsi que, année après année, alors que le Web nous chahute tous depuis 15 ans, les “vieux budgets” se maintiennent contre vents et marées : dépliant d’appel, guide pratique, plans, topoguides, affiches, salons… On les rogne, mais on ne parvient pas à s’en défaire. Et, pendant ce temps, à périmètre budgétaire constant comme on dit, on ajoute les couches chronovores et eurovores : syndication SIT, services mobiles, alimentation du CMS, animation des prestataires, newsletters, e.mailing, référencement, e-marketing, etc. La situation est devenue intenable.
  • L‘évangélisation, dont ce blog est le héraut, a des vertus formidables mais elle gagnerait à aider mieux les acteurs du tourisme à saisir les enjeux. Saisir vraiment les vrais enjeux, je veux dire : c’est-à-dire techniquement. La bataille, par exemple, que se livrent les géants des smartphones est importante à décrypter dans le détail des OS et des machines, sous peine de passer à côté du sujet. De même au niveau des algorithmes des moteurs ou des formats de données. En ce sens, j’applaudis chaleureusement la superbe initiative de Jean-Luc avec les ANT ! Brillante idée, à condition que les ANT soient incités à dépasser le stade de “j’apprends à mes prestataires à créer un compte Twitter” ou “je n’oublie pas de demander à mon prestataire de faire l’url rewriting”. Les ANT ne doivent pas devenir des ANTL (Animateurs Numériques de Todo List). Je compte sur vous compagnons de blog 🙂

Pour autant, l’heure n’est pas à la morosité et à l’angoisse.
Car, à la faveur de mes déplacements (si nombreux), je rencontre aussi énormément d’enthousiastes, de passionnés, d’innovateurs, parfois encore plus geeks que moi !

A tous ceux là et aux autres, voilà mon message : retrouvez l’esprit pionnier !

Ah ! Ca veut dire quoi ?

Repensez tout simplement à ceux qui ont inventé le tourisme en France, il n’y pas si longtemps que ça (100 ans et quelques, une paille) ou à ceux qui se sont lancés les premiers sur le Web :

  • Investissez dans le contenu ! C’est la priorité numéro 1 ! Repensez à ceux qui ont écrit les premiers guides sur vos territoires ! Il faut tout réécrire en mode multimédia ! Si aujourd’hui votre audience fléchit, si les internautes se passent de plus en plus de vos sites (insitutionnels comme privés) c’est parce que vous ne parlez pas assez vos destinations et de vos offres. Repartez à la découverte de vos richesses et partagez ! Ecrivez, filmez, photographiez, suggérez, conseillez, commentez. C’est là que s’exerce votre mission. C’est là que se joue votre légitimité. C’est avec cela que vous obtiendrez cette fameuse visibilité, gage à la fois de reconnaissance et de revenus. Regardez les stats : chaque fois que vous publiez un article, un tweet, une vidéo… vous suscitez l’intérêt et vous donnez envie qu’on vienne chez vous. C’est le joli but du tourisme, non ?
  • Proposez de nouveaux services aux touristes, vos clients : appuyez vous sur le SOLOMO (SOcial, LOcal, MObile) et ré-inventez la relation que vous avez avec eux. Pensez aux pionniers : les inventeurs des guides touristiques, les inventeurs des offices de tourisme, les inventeurs des moteurs de recherche d’hébergement, des CMS dynamiques… L’heure est à l’innovation ! Et l’innovation doit venir de vous ! Pas que de Googlapplebook !
  • Recomposez vos destinations : les limites administratives ne sont plus du tout adaptées au e-tourisme. Les mobinautes en particulier ne peuvent pas comprendre qu’on leur délivre des informations étriquées sur un bout de territoire et qu’il n’y ait pas au moins quelques services unifiés. Regroupez-vous pour organiser des choses au niveau France ! Ou plus localement : le concept de “destination” est plus fort qu’un périmètre de collectivité !

Cela fait beaucoup de travail. Mais le chantier est passionnant et motivant pour tout le monde. On est dans les 30 glorieuses du E-Tourisme. Ca nous laisse de beaux jours devant 🙂

D’autres ont déjà attaqué le chantier : une bonne douzaine d’acteurs privés du E-Tourisme construisent ou vont construire des contenus et concepts innovants. Je pense à Mon Nuage, exemplaire et magnifique. Je pense à toutes ces applications sur iPad qui agrègent l’info touristique en dynamique, comme “highlights”, ou qui proposent des choses nouvelles comme “tourwrist”. Je pense à la haute stratégie de Google. Je pense à tel groupe de presse qui se lance très bientôt. Je pense à ZeVisit et sa collection audio. Et je pense à d’autres, qu’il est trop tôt de citer, et qui vont gentiment vous bousculer en 2012 en matière de contenu, de services et d’implosion des limites administratives. Ces gens là ont des idées et des ressources. Comme vous !

M’appliquant à moi même ce que je recommande aux autres, j’ai décidé moi aussi de retrouver l’esprit pionnier. Toujours dans le E-Tourisme, bien sûr, toujours avec mon équipe et ma société, que j’aime tant, toujours avec mon frère d’arme Benjamin, toujours au service de mes clients, sans qui rien ne serait possible, je vais proposer plusieurs concepts innovants à partir de 2012.
Parce que je vais devoir me concentrer sur ces projets, et sur le développement de GMT Editions, il m’a fallu faire des choix.

Ce billet est mon au-revoir au blog et à sa formidable équipe d’E-lluminés. Merci chers camarades 🙂
On se retrouve en 2012 !

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Pierre Croizet est né en 1970, à Issoire. Il vit et travaille à Bordeaux depuis 1998. Il est diplômé de l’Institut des Hautes Etudes de Droit Rural et d’Economie Agricole (IHEDREA – Paris) et du DESS Aménagement du Territoire et Economie du Développement Local (Bordeaux IV – IERSO). Il a créé, en 2004, avec Benjamin Bastien, une des premières maisons d’édition électroniques de France, spécialisée dans les guides touristiques et [...]
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