Guide pratique pour l’accessibilité des sites Internet de tourisme

Publié le 2 mars 2022
6 min

Un site Internet bien conçu doit être accessible à tous et notamment aux personnes ayant des déficiences visuelles ou rencontrant des difficultés motrices, cognitives, auditives. Les destinations engagées dans un tourisme responsable doivent répondre à ces enjeux sociétaux en favorisant l’inclusion de tous les publics.

[Cet article a été publié initialement en 2021 et mis à jour le 1er mars 2022 avec de nouveaux contenus]

Vous avez déjà essayé de manger une soupe avec des baguettes ?

J’ai volé la punchline sur le guide de l’accessibilité à télécharger gratuitement chez Content Square et j’ai bien aimé cette approche dédramatisée qui permet d’interpeller sur un sujet d’inclusion majeur.

De ce même guide, j’en extrait un constat accablant :

  • Plus d’un milliard de personnes dans le monde présentent un handicap qui influe sur leur capacité à utiliser le Web.
  • 70% du contenu leur est inaccessible.
  • 80% des sites d’actualité, 2/3 des sites e-commerce et 70% des sites de service public sont inaccessibles.

Vous avez dit “responsable” ?

Lorsqu’on évoque la notion de tourisme responsable, la première association d’idées est celle de l’écologie, en d’autres termes les conséquences d’une consommation touristique et des mobilités sur notre environnement. Certes par abus de langage, mais surtout et à juste titre, le fruit du battage médiatique autour des questions environnementales, du réchauffement climatique, des énergies propres et des belles promesses qui n’engagent que le temps d’une campagne pour grappiller quelques voix. Bref, on y perd un peu son latin dans toutes ces terminologies qui finissent dans un beau gloubi-boulga cher à Casimir.

Et surtout on a tendance à gommer tous les autres aspects du tourisme responsable aussi bien sur les conditions de vie des communautés résidentes que sur l’inclusion de tous les publics. Et sur ce dernier point en particulier, dans le tourisme, nous sommes franchement à la traîne ! Et un peu honteusement aussi, il faut bien l’avouer. 

Un cadre légal sur l’accessibilité

Tellement à la traîne que nos politiques n’ont pas trouvé meilleur remède pour éveiller les consciences que de légiférer avec des sanctions à la clé. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’étau se resserre et nul n’est censé ignorer la loi.

Le Décret n° 2019-768 du 24 juillet 2019 précise les exigences d’accessibilité aux personnes handicapées des services de communication en ligne qui varient en termes d’échéance selon le cadre de l’entreprise (personne morale, délégation de service public, etc. ). Quoiqu’il en soit, beaucoup ne font que jouer la montre puisque ces exigences devraient s’appliquer à tous : à compter du 1er octobre 2020 pour les sites Internet, Intranet et à compter du 1er juillet 2021 pour les applications mobiles, les progiciels et le mobilier urbain numérique.

C’est tout de même bien triste qu’il faille en passer par une loi pour favoriser la conformité sur l’accessibilité des services de communication. Avec un minimum d’empathie des techniciens comme des élus, ce sujet devrait être prioritaire.

Les enjeux de l’accessibilité Web

Dans le blog, on prône depuis longtemps le KISS (Keep It Simple Stupid) notamment depuis la percée inéluctable de l’usage du mobile dans les comportements utilisateurs. Dit autrement, faites simple et stupide. Force est de constater que l’accessibilité et le KISS vont de paire. Il se murmure aussi qu’un site Internet accessible gagnerait en référencement naturel.

Un article traduit en français sur le site de la très recommandable W3C (World Wide Web Consortium, organisme chargé de promouvoir la compatibilité des technologies du World Wide Web) propose une bonne introduction à l’accessibilité Web et de ses enjeux :

  • sous-titrage des vidéos
  • contraste des couleurs
  • reconnaissance et synthèse vocale
  • interfaces claires et structurées
  • notifications et retours utilisateurs
  • éléments de contrôles (liens, boutons) suffisamment larges
  • personnalisation des textes (police, taille et couleurs)
  • compréhension des contenus (pas d’acronyme, langage simple et compréhensible pour tous)
  • compatibilité avec les claviers utilisé en navigation

Une courte vidéo synthétise bien ces enjeux en les illustrant

Concrètement, comment rendre mon site accessible ?

Je vous partage ici le fruit de mon expérience et une synthèse empirique.
D’aucuns en auront peut être une approche différente et toute aussi louable.

  • Dans un monde idéal, l’accessibilité doit être prévue dès la conception du site.
  • Dans la vraie vie :
    • la complexité des sites de destinations (interconnexion des CMS, systèmes d’informations touristiques, place de marché, etc.).
    • doublée des exigences sur les délais.
    • triplée par un budget limité, font que même les plus convaincus sont vite refroidis.

Dans ces deux cas, un projet d’accessibilité s’inscrit en 4 phases principales au long cours :

1. Audit des gabarits et des fonctionnalités

2. Intégration et développements techniques

3. Adaptation des contenus pour l’accessibilité

4. Contrôle des implémentations et déclaration de conformité

Les phases 1 et 4 sont généralement portées par des organismes certifiés

D’autant que dans les agences Web, les experts en accessibilité sont une denrée rare voire rarissime. Il faut dire que c’est un métier que de connaître la grille du référentiel national RGAA même si l’on peut saluer la démarche pédagogique de l’État sur ce sujet avec un site dédié et complet avec différentes ressources.

Afin qu’un site Internet soit clairement identifié comme accessible, ce référentiel et la déclaration de conformité sont un peu le passage obligé, on exclut d’emblée tous les dispositifs de surface qui permettent artificiellement de rendre un site accessible en 5 minutes après avoir installé un plugin. Un peu comme si vous souhaitez vous faire passer pour Brad Pitt ou Miss France avec un masque de carnaval, cela fonctionne de loin, à faible éclairage, mais en regardant de plus près, on distingue rapidement la supercherie.

Aujourd’hui fort heureusement, il reste possible de développer un site séduisant et accessible avec des fonctionnalités innovantes. Pour cela effectivement, il faut s’avoir s’entourer des expertises nécessaires.

Par exemple, le site de l’Office de Tourisme Pays Basque a été accompagné par Access42 dès la conception initiale du site. 
Pour Clermont Auvergne Tourisme et l’accessibilité de nos offres, nous sommes accompagnés par BrailleNet sur un projet de mise en conformité du site existant avec un objectif de réalisation sur les prochains mois. MAJ : Depuis la première parution de cette article, BrailleNet a malheureusement cessé son activité n’ayant pas pu survivre à la baisse d’activité pendant la crise de Covid-19.
Il existe évidemment d’autres organismes compétents sur ces sujets.

La phase 2 est plutôt assurée par l’agence en charge du site Internet

L’externalisation des développements à une tierce agence Web sur ce genre de projets complexifierait grandement la tâche. Elle est même irréaliste et irréalisable dans la pratique.

La 3ème phase s’inscrit dans un temps long

Celle de l’adaptation des contenus (sous titrage des vidéos, balises alternatives pour les images porteuses de sens, intelligibilité des contenus, etc.) et là clairement c’est le boulot des organismes de destinations.

Évidemment ce cheminement doit s’inscrire à l’instant de l’audit comme pour les futurs développements en termes de fonctionnalités et de contenus.

COLLOQUE EN VIDÉO « Médiation culturelle & accessibilité »

Cette rencontre, organisée par AcceSens, a été l’occasion d’alimenter la réflexion collective autour de la conception universelle en matière de médiation. Elle a été également un bon prétexte pour faire se rencontrer professionnels de la culture (et du tourisme) et témoins du monde du handicap (visiteurs, prestataires, associations, etc.). Une des tables rondes abordaient le sujet de la communication.

Voir plus spécifiquement dans cette vidéo :

Sondage sur l’accessibilité de votre site Internet

Pour aller dans la continuité des sondages de Ludovic et de ses échantillons représentatifs, j’avais proposé aux lecteurs un questionnaire qui permettrait de visualiser le gap à franchir pour que nos destinations respectives puissent prétendre à un tourisme responsable sur le volet de l’inclusion et de l’accessibilité.

Résultats du questionnaire au 7 avril (23 répondants), il y a encore du boulot !

  • Fait ou en projet RGAA pour cette année : 47%
  • Fait partiellement : 11%
  • Renvoyé aux calendes grecques : 42 %
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Directeur marketing et communication à Clermont Auvergne Tourisme. Enseignant vacataire à Clermont-Ferrand, Perpignan et Lyon.
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