Un millier de presta, et moi, et moi, et moi

Publié le 16 décembre 2016
4 min

Après trois années passées en Asie, me voilà de retour en France. J’aurai l’occasion de revenir sur mon expérience asiatique, sur les comportements, innovations et organisations touristiques de Chine et d’ailleurs ; mais ce qui m’aura le plus marquée dans ce séjour et que je souhaite réussir à garder en moi aussi longtemps que possible, c’est la philosophie asiatique.

Petite philosophie asiatique

Les asiatiques sont, à l’inverse de nous, très positifs. Parfois à l’extrême en frôlant l’abnégation, mais cela a de bon que chacun, quelle que soit sa situation, croit, plutôt que de d’abandonner, sourit, plutôt que de grimacer, agit, plutôt que de se plaindre. Il y a dans l’esprit des asiatiques le sentiment que leur destinée est tracée et qu’ils doivent accepter les contraintes et embuches de la vie, en essayant de les gérer au mieux et de continuer à aimer, à espérer, à vivre.

J’ai remarqué de façon générale, et particulièrement en Chine, que nombreux sont ceux qui entreprennent, ceux qui risquent. Car quand on part de 0 que risque-t-on si ce n’est de monter ? Il va de pair un côté opportuniste. C’est le plus audacieux qui réussira, car il n’y a pas de place pour tout le monde. Mais les autres, plutôt que de jalouser ou d’haïr les victorieux, les admirent. Alors les plus valeureux tenteront de copier leurs idoles et de réussir à leur tour. Lorsqu’ils échouent, les asiatiques accusent rarement les autres ou les facteurs extérieurs. Ils acceptent dignement leur échec et se retranchent, ou recommencent, pour les plus persévérants.

Retour en France

Replongée dans le milieu du tourisme institutionnel, je fais mes débuts avec la première journée régionale du tourisme et des loisirs de la nouvelle région Occitanie, fusion des ex Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. Le thème de cette journée : « Cap sur l’innovation touristique ».

Après l’annonce par la présidente de région de la réalisation d’un schéma régional de développement touristique, suivie de discours tout aussi encourageants du vice-président au tourisme et de la présidente du CRT, plusieurs intervenants de qualité sont venus parler de tourisme et d’innovation. Le sociologue Jean Viard a fait un cadrage tout en humour, replaçant les préoccupations locales dans un contexte national et international. Puis trois intervenants de profils très différents, parmi lesquels Ludovic Dublanchet, ont échangé lors d’une table ronde sur les axes possibles d’innovation. Les interventions ont été riches, constructives et motivantes. En toute sincérité, je ne m’attendais pas à un bilan si positif. Et pourtant…

Occitanie-journee-tourismeEt moi et moi et moi

Quand vint l’heure des questions, je suis restée stupéfaite. J’étais bien de retour en France. Une succession de participants ont pris le micro pour se plaindre de leur situation et interroger avec accusation les personnes présentes sur la tribune : « Qu’allez-vous faire pour moi ? ». J’ai tenté en vain de prendre le micro pour pouvoir leur poser la seule question qui me semblait importante : « Et vous, qui vous plaignez, que faites-vous pour vous ? « .

Je constate maintenant que nous sommes une société de malheureux déresponsabilisés : nous ne savons que trop bien focaliser sur les problèmes qui nous entourent ; et plutôt que d’en chercher des solutions, nous cherchons toujours un responsable, mais ce n’est jamais nous-même évidemment. Et le monde du tourisme n’y échappe pas.

Occitanie-journee-tourisme-publicL’innovation… une nécessité !

Innover, c’est « introduire du neuf dans quelque-chose qui a un caractère bien établi ». Alors… si nous introduisions des idées positives dans notre façon de penser ? Si nous réfléchissions d’abord à ce que nous pouvons faire pour réussir avant de penser à ce que les autres doivent faire pour nous aider ? Si nous cherchions à nous réorienter face l’échec plutôt que de le jeter dans les bras des voisins ? Voilà ce qui serait une innovation.

Co-construire un schéma qui fonctionne

A mon sens, il faut d’abord que chacun mette un peu de bonne volonté pour agir à l’échelle qui lui est pertinente. L’innovation doit aussi être organisationnelle. Profitons de la loi NOTRe, de tous les questionnements et les bouleversements qu’elle entraîne, pour repenser une organisation qui fonctionne. Co-construisons une organisation où chacun comprend son rôle avec un organigramme lisible pour tous, notamment pour nos partenaires et interlocuteurs.

A chaque échelle, essayons de penser coordination plutôt que superposition, coopération plutôt que compétition. Essayons ensemble de déterminer qui doit être acteur de quoi, qui doit être l’interlocuteur de qui, qui doit être le coordinateur à quelle échelle. Déterminons ensuite comment assurer la communication entre chacun, déterminons des moyens, des circuits, en privilégiant les circuits courts… évidemment 🙂

Arrêtons d’attendre que les résolutions viennent du haut, arrêtons d’attendre que les autres s’occupent de tout. Chacun peut, à son échelle, mettre en place des actions qui fonctionnent, proposer des schémas logiques. Si l’idée est bonne, les autres suivront … !

Muraille-de-Chine-toboggan

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Diplômée de l’ESTHUA de l'Université d'Angers en conduite de projets touristiques, Amélie Perrin a d'abord été chargée de promotion pour l'Agence Touristique de la Touraine Côté Sud à Loches. Elle est ensuite partie en Inde s'occuper d'une association humanitaire, et a vécu deux ans en Chine où elle était lectrice de français à la Faculté de Tourisme de l'Université de Ningbo. Après une expérience de directrice d'office de tourisme dans [...]
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