Quand Lyon passe la seconde.0 !

Publié le 23 mars 2012
6 min

L’Office de Tourisme et des Congrès de Lyon a mis en ligne la semaine dernière la nouvelle version de son site internet. Depuis quelques présentations du concept, notamment lors des dernières Rencontres Nationales du etourisme insitutionnel à Pau, on attendait impatiemment après avoir vu la version bêta de pouvoir juger sur pièce. Pensez-vous, un site qui n’est plus alimenté par l’office, mais par les habitants, les touristes, le premier site d’office de tourisme participatif comme il le déclare haut et fort ! Après Mon week-end à Lyon pour les habitants, l’office enclenche donc la seconde, avec un site très 2.0 !

 On est de suite invité à collaborer aux contenus du site et tout le monde semble être bienvenu. Attention néanmoins, une charte du contributeur spécifie quelques contraintes, obligations, afin de respecter un minimum une homogénéité. Voici la vidéo qui promeut le concept :

 

De prime abord, on est clairement séduit par le graphisme du site, extrêmement moderne, sous forme de pavés laissant une grande place aux visuels, des textes forts, une vidéo immersive en haut de page dont le seul défaut sera son temps de chargement. On retrouve une inspiration magazine qui sied tout à fait au concept, de même qu’une ergonomie très « tablette-friendly », qui n’est pas sans rappeler certaines applications, les fonctionnalités propres à l’iOS en moins bien entendu.

Comme sur la précédentes versions, on retrouve de façon encore plus marquée en entrées principales les réponses aux principales questions que peut se poser le visiteur : où manger, dormir, que faire, et une quatrième entrée pour découvrir Lyon. Ce minimalisme conduit à un déploiement plus conséquent en sous-rubriquage, qui s’intègre néanmoins très harmonieusement en permet de passer directement à un troisième niveau de navigation d’un simple passage sur la rubrique principale.

 

Son volet participatif, que l’on retrouve dès la page d’accueil avec des témoignages ou des interviews, est présent à chaque étape de la navigation. La découverte d’un lieu, d’un quartier, se fait par le prisme d’une interview, illustrée de visuels et d’une vidéo de qualité. Plus de 60 vidéos sont d’ores et déjà présentes sur le site. On est déjà dans la visite à travers les témoignages qui nous présentent les lieux, les attractions, voire même des prestations. Les puristes pourront arguer du fait que l’on dispose de moins d’informations, par exemple, la danseuse sud-africaine ne nous explique pas forcément que c’est le célèbre architecte Jean Nouvel qui a « recoiffé » l’Opéra de Lyon, mais bien au-delà de l’information exhaustive, c’est bien de la séduction qui transpire de la vidéo et de son interprétation rédigée ! La découverte des détails se fera sur place, tout simplement.

L’agenda constitue également une mise en avant peu habituelle des festivités locales. Ici aussi, de grands visuels illustrent un nombre très restreint d’évènements mis en avant sur la page d’accueil. Fini l’exhaustivité là encore, on tire parti des grandes têtes de gondoles qui attirent le gros de la clientèle, en proposant avant tout les incontournables, ainsi qu’une sélection des évènements du moment. On retrouve par ailleurs un agenda intégral dans la rubrique « Que Faire », avec des critères par type d’évènement, localisation et surtout dates.

 

De nombreuses rubriques mettent en avant les préoccupations du city breaker : shopping, sorties et soirées, bien-être, mais l’Office n’en oublie pas pour autant de promouvoir ses propres produits : la citycard est régulièrement mise sur le devant de la scène, de même que les visites guidées et la page d’accueil recèle un véritable plaidoyer, plutôt efficace sur le fond comme sur la forme, incitant le touriste à utiliser les services de l’office . Le module de réservation est fortement présent, la centrale générant un chiffre d’affaires non négligeable pour l’office.

Les hébergements sont présentés en conservant le format très épuré que l’on retrouve sur l’ensemble du site, avec un visuel qui laisse apparaître un descriptif au survol de la zone par la souris ; on est bien loin des listes semblant tout droit sorties d’un tableur ! L’information sur l’hébergement pourra néanmoins paraître parfois trop restreinte, nécessitant un clic pour en savoir davantage, si l’on n’a pas pris la peine de renseigner un minimum de critères pour effectuer sa sélection. De même, si la visualisation cartographique en option est joliment intégrée, on regrettera son absence en parallèle à tout moment. La « nuisance » graphique aurait probablement été trop importante et il faudra donc se contenter d’afficher la liste ou la carte, les deux ne cohabitant que sur la fiche détaillée. On remarquera d’ailleurs sur les listes longue un déroulé à la mode « Facebook », la poursuite du scroll vers le bas affichant une nouvelle page sans avoir à cliquer. Par contre, on aurait apprécié dans le même esprit d’ergonomie une utilisation du faceting sur le choix des critères (comme récemment évoqué dans le billet sur Airbnb) : chaque critère choisi entraîne un rechargement de la page, moins esthétique et relativement lent. Enfin, on remarquera l’absence d’avis provenant des grandes plate-formes, ou encore même la simple possibilité de déposer un avis directement sur le site via un widget quelconque : le recours au participatifs ne semble pas avoir franchi les portes des prestations !

 

Pourtant, dans la dimension purement sociale, le bas de page reprend les billets les mieux notés, les plus cliqués et les plus commentés. Reste à savoir si ce positionnement relativement bas génèrera des clics. L’on retrouve également, au choix, Facebook ou Twitter, Flickr ou Youtube, l’un ou l’autre s’affichant au choix de l’internaute. Un choix habile qui permet d’afficher par défaut le plus utilisé (Facebook vs Twitter) ou le plus riche en contenus (Flickr vs Youtube) évitant donc de transformer le site en sapin de noël des médias sociaux.

 

Bien qu’affichant un design fort réussi, le site ne s’adapte pas au différentes tailles des terminaux ; si cela ne pose aucun souci sur tablette, la navigation est impossible sur smartphone, et l’on attend donc avec impatience la version mobile d’ores et déjà annoncée (de même que les versions linguistiques qui restent pour l’heure sous l’ancienne version). Dans l’immédiat, l’office n’hésite pas à mettre en avant une application payante qui permet de découvrir les fameuses traboules souvent trop bien cachées, j’ai hâte de la tester in situ !

 

En conclusion, un site séduisant, un contenu choisi, trié (les incontournables, le Top 10, …) et très immersif, qui associe les acteurs principaux de la destination, touristes, habitants, prestataires à travers les interviews et témoignages dans une mise en page très réussie. Les premières alimentations sont forcément très qualitatives, et comme l’ont martelé François Gaillard et Olivier Occelli, au contraire de nos anciens sites, c’est seulement maintenant qu’il est en ligne que le véritable travail commence : il va falloir le faire vivre, le faire grandir, en conservant un esprit collaboratif qui devra s’ouvrir encore davantage. Le pari de la mise en ligne est réussi, on a très envie de miser sur celui de l’alimentation !

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Ludovic a démarré sa carrière en Auvergne, à l’Agence Régionale de Développement, puis dans un cabinet conseil sur les stratégies TIC des collectivités locales. Il a rejoint en 2002 l’Ardesi Midi-Pyrénées (Agence du Numérique) et a plus particulièrement en charge le tourisme et la culture. C'est dans ce cadre qu'il lance les Rencontres Nationales du etourisme institutionnel dont il organisera les six premières éditions à Toulouse. À son compte depuis [...]
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