Dans la brume numérique estivale

Publié le 21 août 2012
3 min

Mes vacances estivales m’ont porté en trois points et divers sites culturels qui m’ont incité à renouveler mon expérience d’utilisateur d’audio-guides. On n’en parle plus trop au regard de l’importance prise par les téléphones intelligents, mais les contenus audio-guidés sont désormais bien connus des publics et pourtant finalement assez peu utilisés. J’en ai fait l’expérience en louant dans 4 sites différents, 2 en France et 2 en Espagne et j’ai constaté que pendant ces vacances d’été environ 15% des visiteurs des musées et châteaux que j’ai fréquentés recouraient à ces outils (observation et comptage des personnes équipées autour de moi et discussion dans les accueils quand c’était possible).

Tout à commencé par un temps gris et brumeux au Palais des Beaux Arts à Lille. Là, des visioguides proposent des commentaires oraux et écrits, couplés à des photos, d’une centaine d’oeuvres remarquables, le tout embarqué dans des Ipod Touch. Le contenu peut également être chargé via l’App Store ou la plateforme Androïd via un accès wifi dans le hall du musée. Une application a également été créée pour l’étonnante exposition temporaire Babel, avec vidéos et playlists sur Spotify et Deezer. Le traitement est convaincant par sa simplicité et sa brièveté. La qualité sonore des écouteurs Apple y est pour beaucoup. Le collier permet de conserver les mains libres pour prendre des photos ou lire les commentaires. L’approche numérique est vraiment bien prise en compte dans ce musée.

Au château de Chenonceau personne n’est oublié. Un audio-guide enfant est proposé alors qu’une visite panoramique et en 3D est active depuis le site web et une application disponible via l’App Store. L’audio-guide renchérit le prix d’entrée de 4 euros, il est disponible en 11 langues et propose deux versions : une visite courte en 45 minutes et une longue en 1 heure, pointant une vingtaine de points d’intérêt valorisés par des photos et des textes attractifs lus par le comédien Michael Lonsdale. Franchement, un vrai plaisir lié à cette narration parfaite et synthétique, ce qui fait qu’en tant que bête quidam, on en retient l’essentiel. Le wifi disponible dans le château est un plus. Une grande réussite numérique.

Au musée Thyssen Bornemisza à Madrid, dont des oeuvres participent à GoogleArtProject, les audio-guides sont loués 5 € par personne. Ces longs bâtons blancs doivent être collés à l’oreille, impossible en l’occurence de prendre des photos, et les commentaires en français ont été enregistrés auprès de jeunes belges aux tonalités chantantes. Parfois d’autres voix se mêlent aux propos rédigés de manière magistrale. Peut largement mieux faire du point de vue numérique même si le musée a bien investi les plateformes et les principaux réseaux sociaux.

Au musée Reina Sofia, consacré à l’art contemporain, à Madrid toujours, des audio-guides sont loués pour 4 euros par personne et un espace wifi est disponible près du restaurant et de la librairie. Voilà l’exemple d’une contradiction parfaite entre un musée très riche et un sous-investissement numérique. Peu d’oeuvres bénéficient d’un commentaire audio-guidé (pas d’image car support ancien) et celui-ci est peu captivant en raison de son traitement universitaire dominant et long. Au-delà d’une minute par oeuvre, tout le monde décroche. Au bout de 45 minutes, alors que nous sommes restés 3 heures dans le musée, notre « tripulacion » de 4 personnes n’aspirait qu’à restituer les audio-guides. Copie numérique à revoir.

Et en conclusion, une mention toute particulière au métro de Madrid qui affiche de nombreux écrans diffusant les actualités ainsi que des promotions publicitaires et touristiques, parallèles aux voies en sorte qu’on les regarde depuis les quais et d’autres placés en hauteur également. En outre les rames sont annoncées avec une précision millimétrique et une discussion avec un ami madrilène spécialiste des transports, m’apprend que l’émergence des NFC dans le métro madrilène, c’est pour très bientôt. En conclusion, le métro de Madrid joue avec talent la carte de l’Internet de séjour dans les profondeurs.

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François Perroy est aujourd’hui cofondateur d'Agitateurs de Destinations Numériques et directeur de l’agence Emotio Tourisme, spécialisée en marketing et en éditorial touristiques. Il a créé et animé de 1999 à 2005 l’agence un Air de Vacances.  Précédemment, il a occupé des fonctions de directeur marketing au sein de l’agence Haute Saison (DDB) et de journaliste en presse professionnelle du tourisme à L’Officiel des Terrains de Camping et pour l'Echo Touristique. Il [...]
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